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Le nouveau gouvernement allemand

Après Angela Merkel, une succession difficile…

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
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28 janvier 2022. Le chancelier Olaf Scholz (SPD) arrive au Bundestag.  (BERND VON JUTRCZENKA / DPA / PICTURE ALLIANCE / MAXPPP)

En Allemagne, le chancelier ou la chancelière est à la tête du gouvernement fédéral, le président de la République ne gouverne pas, il est le garant des institutions, il promulgue les lois et signe les traités. Au résultat des élections fédérales, il propose au parlement, le Bundestag, le ou la candidate pour la chancellerie. Les ministres fédéraux forment le gouvernement fédéral et dirigent leur ministère de façon autonome, sous leur responsabilité, en accord avec les orientations fixées.

Le chancelier détermine les grandes lignes politiques, en en assumant la pleine responsabilité. Elément important du fonctionnement des institutions en Allemagne, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, Bundesverfassungsgericht. La Cour constitutionnelle veille aux respects des droits fondamentaux ; assure la séparation des pouvoirs entre les différents organes de l'État ; arbitre les contentieux entre les normes édictées par les différents organes de l'État. Elle est l’arbitre lors de contentieux électoraux.

Son rôle n’est pas restreint à l’Allemagne, car elle a un droit de regard envers toute décision européenne, au vu de la conformité avec la Loi fondamentale allemande de 1949. Ainsi, la marge de manœuvre est restreinte car toute décision peut être contestée auprès de la Cour constitutionnelle.

Quant à la capitale, Berlin, redevenue capitale après la réunification, y siège le parlement, le Bundestag, la Chancellerie, elle est aussi le siège du gouvernement, mais six ministères demeurent à Bonn, l’ancienne capitale.

Le nouveau gouvernement allemand de 2021

Ce gouvernement de 16 ministres est d’une moyenne d’âge de 50,4 ans. Quatre ministres du nouveau gouvernement étaient membres du gouvernement d’Angela Merkel. Réforme de l’Union européenne, réforme de l’économie allemande, de la société allemande, transition écologique, transition numérique, modernisation des structures publiques et privées, la lourde ardoise du nouveau gouvernement est un réel défi après 16 années "merkeliennes". L’avenir dira si cette coalition pourra aller au bout de cet ambitieux programme.  

Les ministres SPD, sociaux-démocrates  

"La réussite de l’Europe est notre préoccupation nationale la plus importante", a déclaré Olaf Scholz. A la tête du gouvernement, le chancelier Olaf Scholz, qui a été ministre du Travail et des Affaires sociales dans la première grande coalition d’Angela Merkel de 2007 à 2009, maire de Hambourg – une ville état de 2011 à 2018  Olaf Scholz y était ministre président, puis il retourna dans le gouvernement d’Angela Merkel de 2018 à 2021, en tant que ministre des Finances et vice-chancelier du dernier gouvernement. Très porté sur le franco-allemand, il l’a montré quand il était à la tête de Hambourg, peu démonstratif il est affublé du sobriquet de "Scholzomat", contraction de Scholz et automate.

Wolfgang Schmidt, ministre de la Chancellerie, on le dit le plus proche collaborateur d’Olaf Scholz depuis 2002. Wolfgang a été à la tête de l’Organisation mondiale du travail (OIT) en Allemagne de 2010 à 2011, il va devoir coordonner l’action du gouvernement, et gérer la collaboration du gouvernement avec le Parlement.

Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur et des Territoires, est une des nouvelles venues dans la politique allemande. Elle hérite d’un grand ministère qui comprend la sécurité intérieure, l’intégration et la protection de la population et la promotion du sport. Cette avocate est considérée comme étant à la droite du SPD. Députée à l’assemblée régionale de la Hesse depuis 2003, elle fut secrétaire générale de 2014 à 2019, puis depuis 2019, présidente du SPD de Hesse.

Christine Lambrecht, ministre de la Défense, était ministre de la Justice de 2019 à 2021, et ministre de la Famille dans le dernier gouvernement Merkel. Juriste, elle a siégé comme députée au Bundestag de 1998 à 2021, et a exercé plusieurs fonctions au sein du groupe SPD au Parlement. La tâche de ministre de la Défense sera rude pour elle, face à une armée allemande en proie à de nombreuses difficultés, autant dans le recrutement que face à l’équipement.

Hubertus Heil, ministre du Travail et des Affaires sociales, est le seul ministre issu du gouvernement précédent à être reconduit au même portefeuille. Diplômé de sciences politiques et de sociologie, il siège au parlement depuis 1998, il a occupé de nombreuses fonctions au sein du SPD, dont la vice-présidence depuis 2019. Il devra gérer dans le futur la hausse du salaire minimum de 9,60 à 12 euros, ainsi que la stabilisation du niveau des retraites et la création d’une allocation citoyenne, voire un revenu universel déjà testé et débattu avec une possible semaine de quatre jours.

Karl Lauterbach, ministre de la Santé, médecin et député, il a été le conseiller d’Angela Merkel depuis le début de la pandémie. Docteur en immunologie et en économie de la santé, au célèbre nœud, il est depuis 1988 l’Institut d’économie de la santé et d’épidémiologie clinique de l’Université de Cologne. Député au parlement depuis 2005, sa mission concernera le renforcement du système de santé et de la prise en charge de la dépendance.

Svenja Schulze, ministre de la Coopération économique et du développement, Svenja Schulze a été de 2010 à 2017, ministre de l’Innovation, des sciences et de la recherche du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. A la tête du ministère fédéral de l’Environnement de 2017 à 2021, Svenja Schulze s’est toujours positionnée comme une défenseuse du climat et de l’environnement.

A 53 ans, la native de Düsseldorf poursuivra cet engagement en tant que ministre de la Coopération économique et du développement. Diplômée en lettres et sciences politiques, députée au parlement de de Rhénanie-du-Nord-Westphalie de 1997 à 2000 et de 2004 à 2018. Son nouveau portefeuille va lui permettre de continuer son combat contre le changement climatique.

Klara Geywitz, ministre du Logement, du développement urbain et du bâtiment, est née en RDA en 1976, elle s’est fait connaître du grand public en candidatant à la coprésidence du SPD en 2019, et en devint la vice-présidente. Diplômée en sciences politiques, son parcours politique s’est déroulé dans le Land du Brandebourg. Klara Geywitz va devoir innover car son ministère est un nouveau ministère, donc elle devra tout construire, et faire face au contrat de la coalition qui a promis la construction de 400 000 nouveaux logements par an, dont 100 000 subventionnés. Vaste programme !

Les ministres "Verts" 

Annalena Baerbock, ministre des Affaires étrangères, celle que l’on pressentait naguère à la chancellerie, est la première femme à la tête de la diplomatie allemande. Coprésidente des Verts allemands depuis 2018, diplômée de sciences politiques et de droit international, ses premiers pas en politique commencèrent comme collaboratrice et cheffe du bureau de la députée européenne Elisabeth Schroeter, de 2005 à 2008.

Entrée chez les Verts allemands en 2005, elle avait 25 ans, elle préside ce parti dans le Land du Brandebourg de 2009 à 2013. Députée au Bundestag en 2013, elle est aujourd’hui à la tête d’un ministère clé où les questions européennes et internationales sont de plus en plus d’actualité. Ses "afficionados" mettent en avant son dynamisme et son authenticité, ses détracteurs l’appellent déjà "Annelena Chamberlain".

Robert Habeck est le ministre de l’Economie et de la protection du climat, issu du parti des Verts. Docteur en philosophie, il est connu en Allemagne comme écrivain, dont de nombreux romans ont été écrits avec son épouse Andrea Paluch. Elu du Schleswig-Holstein, dont il a exercé des fonctions au gouvernement du land en tant que ministre de la Transition énergétique, de l’agriculture, de l’environnement et des espaces ruraux, de 2012 à 2018. Depuis 2018, il copréside les Verts allemands avec Annalena Baerbock.

Cem Özdemir, ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture, il a été le premier élu au Bundestag, issu de l’immigration. D’origine turque, né dans le Bade-Wurtemberg, député au Bundestag de 1994 à 2002, aujourd’hui depuis 2013, député européen de 2004 à 2009, il fut aussi co-président des Verts de 2008 à 2018. Travailleur social de formation, spécialiste de politique étrangère et de politique des transports, sa mission va consister à concilier dans les exploitations agricoles, économie et écologie.

Anne Spiegel, ministre de la Famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse. Diplômée de sciences politiques, philosophie et psychologie, Anne Spiegel a débuté sa carrière politique dans le Land de Rhénanie-Palatinat, au Parlement, puis au gouvernement du land. Elle fut la vice-présidente du groupe parlementaire des Verts au Parlement de Rhénanie-Palatinat de 2011 à 2016, puis de 2016 à 2021, ministre de la Famille et de l’intégration dans le gouvernement de Rhénanie-Palatinat. Elle se présente aujourd’hui comme la ministre des familles, dans toute leur pluralité.

Steffi Lemke, ministre de l’Environnement, de la protection de la nature, de la sécurité nucléaire et de la protection des consommateurs, née en RDA, soit la deuxième ministre née en Allemagne de l’est. Ingénieure agricole, elle a été l’une des fondatrices du parti des Verts en RDA en 1989. En 1994 élue au Bundestag, secrétaire exécutive du parti Verts jusqu’en 2013, militante écologiste depuis sa jeunesse, c’est une habituée des actions de masse comme le ramassage des déchets de l’Elbe, et des campagnes d’information sur la préservation et la protection de la nature.

Les ministres Libéraux, FDP

Christian Lindner, ministre des Finances, avait annoncé la couleur lors de la campagne électorale, pour lui, c’était le ministère des Finances. À 42 ans, Christian Lindner a atteint son but. En 2000, il a 20 ans, il siège à l’assemblée régionale de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où il deviendra en 2004 le secrétaire général du FDP de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Député au Bundestag en 2009, il devient le plus jeune président fédéral des Libéraux (FDP) en 2013, après une défaite historique de son parti aux élections législatives. 

Marco Buschmann, ministre de la Justice, est le très proche collaborateur de Christian Lindner. Membre du FDP depuis 1994, juriste de formation, élu au Bundestag de 2009 à 2013, et depuis  2017.

Volker Wissing, ministre du Numérique et des Transports, docteur en droit, élu au Bundestag de 2004 à 2013, vice-président du groupe parlementaire FDP de 2011 à 2013, puis réélu député au Bundestag en septembre 2020. Ministre de l’Economie, des Transports et de l’Agriculture du land de Rhénanie-Palatinat de 2016 à 2021. Transport et numérique, deux secteurs clés qui font partie du paquet "modernisation des infrastructures publiques et privées", évoqué avec notre invité Kai Littmann.

Bettina Stark-Watzinger, ministre de l’Education et de la Recherche, économiste de formation, élue au Bundestag depuis 2017, elle fut à la tête de la Commission des finances du Bundestag de 2018 à 2020.

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