Micro européen. L’Autriche à l’épreuve du terrorisme
Malgré l’épidémie de Covid-19, un certain art de vivre autrichien est déstabilisé.
À l’heure où l’Autriche entrait dans un second confinement, sa capitale, Vienne, était touchée par un attentat terroriste islamiste. Le terroriste, abattu par la police, était un binational autrichien et nord-macédonien, ayant tué quatre personnes lundi 2 novembre au soir, en plein cœur de Vienne. Comme nous l’explique Danny Leder, journaliste correspondant du quotidien Kurier en France, cet attentat a uni les deux têtes du pouvoir autrichien, le chancelier Sebastian Kurz, conservateur, et le président de la République, l’écologiste, Alexander Van der Bellen.
Tous deux ont montré un même visage, à savoir, tout d’abord un discours d’apaisement concernant l’Autriche et sa population, l’apaisement pour tous les Autrichiens, Autrichiennes, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, de ne pas céder au chantage du terrorisme islamiste voulant diviser la société. Le chancelier, tout comme le président, a aussi affiché sa détermination à lutter contre "l'islam politique, une idéologie qui représente un danger pour le modèle de vie européen."
L’islam en Autriche
Pour une population d’un peu moins de 9 millions d’habitants, l’islam est la deuxième religion dans ce pays catholique, représentant 10% de la population. Les musulmans en Autriche sont issus de pays du Moyen-Orient, de Tchétchénie, de Turquie et des Bosniaques de Bosnie-Herzégovine. Comme l’a rappelé Danny Leder, un des plus importants contingents de jeunes rejoignant les rangs de l’Etat islamique était autrichien.
Ce sont de nombreux courants islamistes qui traversent l’Autriche, et malheureusement certains influencent les jeunes musulmans autrichiens, tels ceux qui ont saccagé une église à Vienne, et d’autres ayant agressé le président de la communauté juive à Graz, la seconde ville du pays. En parallèle à ces courants, des réseaux d’influence sont installés en Autriche, les réseaux turcs.
La question turque en Autriche
Face aux propos bellicistes et irrespectueux envers le chancelier autrichien par le président turc - comme ce fut le cas pour le président Macron - les relations se tendent encore plus entre Vienne et Ankara. Il faut dire que les réseaux d’influence turcs sont bien installés en Autriche, que ce soient les groupes islamo-nationalistes ou néo-ottomans, mais aussi les nationalistes extrémistes turcs, les "Loups Gris", groupe n’hésitant à pas à faire le "coup de poing", usant de violence envers des manifestants kurdes, comme ce fut le cas en France envers des Français d’origine arménienne. On suppose que ces groupes sont plus qu’agissants auprès des Turcs résidants en Autriche.
Les réactions du gouvernement autrichien
Face à l’attentat perpétré à Vienne, revendiqué par l’État islamique, le gouvernement autrichien a ordonné vendredi 6 novembre la fermeture de deux mosquées radicales, une annonce de la ministre de l’Intégration, Susanne Raab. 15 personnes, toutes liées à l’islam radical, ont été arrêtées, et un tribunal de Vienne a ordonné aussi ce vendredi 6 novembre que huit d’entre elles, âgées de 16 à 24 ans, soient placées en détention provisoire.Quant au terroriste abattu par la police, emprisonné puis relâché en décembre 2019, il avait suivi un programme de "déradicalisation", tandis que les services de renseignement slovaques avaient informé les services autrichiens d’activités suspectes du terroriste en Slovaquie.
Les manquements des services autrichiens et les défaillances quant à la surveillance de l’assaillant ont débouché sur la suspension du chef de la lutte antiterroriste de Vienne, Erich Zwettler. L’enquête se poursuit aussi en Allemagne où la police allemande a procédé à des perquisitions liées à quatre personnes soupçonnées, et deux hommes ont été interpellés en Suisse.
Quant aux Autrichiens et Autrichiennes, cet attentat marque un tournant dans leur quotidien, voyant s’en aller la douceur de vivre autrichienne, la célèbre et légendaire österreichische Gemütlichkeit.
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