Micro européen. Le bras de fer entre la Commission européenne et le gouvernement italien
C'est un fait inédit depuis le début de la zone euro : le gouvernement italien refuse de réviser son projet de budget pour 2019, comme le lui a demandé cette semaine Pierre Moscovici.
Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières a demandé cette semaine au gouvernement italien de réviser son projet de budget pour 2019. Il estime que ce budget ne respecte pas la trajectoire financière prévue et l'objectif de réduction du déficit public sur lequel l'ancien gouvernement de centre-gauche s'était engagé. Comment en est-on arrivé là et que peut-il se passer ensuite ? Analyse de Anaïs Ginori, correspondante à Paris du quotidien italien La Repubblica.
Pour l'année prochaine, le budget prévoit un déficit de 2,4%
"Le précédent gouvernement s'était engagé sur un déficit de 0,8% dans une trajectoire de baisse continue du déficit" explique Anaïs Ginori, ce qui va aboutir à une procédure de déficit excessif.
Après 2008 et l'apparition de la crise économique, plusieurs états de la zone euro ont connu cette procédure ; la France n'en est sortie qu'au printemps dernier, après un redressement progressif de ses comptes publics. Mais "c'est la première fois que cette procédure pourrait aboutir à un refus total du gouvernement de Rome de revoir ce budget", souligne la correspondante italienne.
De nouvelles dépenses prévues en plus du déficit
Au-delà du taux de déficit, le projet de budget italien prévoit de nouvelles dépenses, l'instauration d'un revenu pour les plus modestes et en même temps une baisse des impôts qui profitera aux entreprises et aux revenus moyens, "deux mesures qui ne vont pas ensemble".
Comme le veut la procédure, la Commission a donné trois semaines à l'Italie pour présenter un nouveau projet de loi de Finances et propose l'ouverture d'un dialogue. Mais Rome annonce ne rien vouloir changer, estimant que ce budget donnera une impulsion à la croissance, ce qui permettra de réduire la dette italienne.
Une partie des Italiens moins enthousiaste sur l'Europe
Cette tension intervient à un moment où après les mesures d'austérité liées à la crise de la zone euro, les Italiens sont moins enthousiastes sur l'Europe, "moins de 50% y sont favorables", alors que dans la péninsule, les taux favorables à l'UE dépassaient 70% il y a encore quelques années. Toutefois, ni la population, ni le gouvernement ne veulent sortir de la monnaie unique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.