Yann Moix : "L'exilé est devenu le bouc émissaire de tous ces pays européens qui ne supportent plus la présence de l’autre"
Yann Moix publie "Dehors", une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron qui remet en cause la politique migratoire du gouvernement. L'écrivain et chroniqueur souhaite dénoncer, à travers son ouvrage, les conditions des exilés en France.
Yann Moix n'est pas d'accord avec le président et le fait savoir dans Dehors, une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, publiée aux éditions Grasset. Le chroniqueur du talk-show On n'est pas couché justifie ce choix de la lettre en forme de réquisitoire: "Si j’avais écrit le même livre sans m’adresser à quiconque, je pense qu’il aurait été moins lu. Le président de la République sert d’amplificateur à ma guitare électrique."
"Des actions inquétantes de la part des pouvoirs publics"
Yann Moix reconnaît ne pas s'être intéressé à la crise migratoire. Il était "un type qui s’intéressait à autre chose et qui ne voyait pas que chez lui, dans son propre pays, à une heure et demi de Paris, se jouait une tragédie de l’absurde et des actions inquiétantes de la part des pouvoirs publics et des forces de l’ordre". Yann Moix a ainsi voulu se rendre sur place pour saisir les enjeux de la crise. Un voyage dont il revient "choqué de ce qu'il a vu, mais pas déçu."
Le chroniqueur, dont le documentaire Re-Calais est diffusé samedi 9 mai sur Arte, avait dénoncé des violences policières, démenties par le ministère de l’Intérieur et le chef de l’État. Yann Moix juge cette réaction de "pitoyable, insensée, très surprenante de la part d’un président de la République qu’on pensait cohérent", après son discours devant l’assemblée générale des Nations-Unies en septembre 2017, où il voulait porter les "voix oubliées" de réfugiés syriens notamment. L'écrivain s’insurge face à "l’arrogance" d'un gouvernement qui préfère "insulter ceux qui viennent témoigner" plutôt que de les "accueillir pour les écouter."
Migrants à Calais et à Stalingrad, discours plats, start-up nation... Dans Dehors, Yann Moix remet en cause plusieurs facettes de la présidence d’Emmanuel Macron qui, d’un point de vue culturel, est un "cuistre". "Il joue à être président de la République. Il utilise la culture et surfe sur André Gide, croit avoir lu Stendhal, pense qu’il connaît De Gaulle, cite mal Emmanuel Lévinas, pense que Charles Péguy est un progressiste, alors que des milliers de pages affirment le contraire."
Malgré "cette forme d’imposture culturelle évidente" incarnée par le chef de l'État, il resterait cependant un "président intelligent", dont l'accession au pouvoir est "géniale".
"Un migrant est quelqu’un en plus, un exilé est quelqu’un en trop"
Yann Moix refuse d'entendre les arguments de ceux qui voient l'immigration d'un mauvais œil : "Ce que vous appelez un migrant mais que j’appelle un exilé est devenu le bouc émissaire de tous ces pays européens qui ne supportent plus la présence de l’autre, oubliant que l’Europe a été fondée par les autres, pour en accueillir d’autres", distingue-il. "On est dans l'ordre de l'infinitésimal, d’un millième de la population française."
L'exilé serait, selon le chroniqueur, les victimes expiatoires des nations censées les accueillir. "Il y a des exilés et des migrants. Les migrants sont des gens qui choisissent d’aller habiter dans un pays. Les exilés sont ceux qui n’avaient aucune intention de quitter le leur et qui sont incapables d’y rester puisque leur survie n’est pas assurée. Un migrant est quelqu’un en plus, un exilé est quelqu’un en trop."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.