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La procrastination ou l'art de remettre au lendemain ce que l'on peut faire le jour même

C'est la journée mondiale de la procrastination ou l'art de tout remettre à plus tard. Depuis l'enfance, on nous répète que c'est mal, qu'il ne faut "jamais remettre au lendemain ce que l'on peut faire le jour même" ! Et voilà que désormais, ce comportement est célébré mondialement !
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Procrastiner, une bonne attitude ?

C'est une provocation, on l'imagine, mais envers quoi ?
Envers cet autre comportement qui serait devenu un travers plus courant et plus
douloureux, semble t-il, que celui de procrastiner : à savoir celui de
vouloir tout faire, tout de suite, répondre à toutes les sollicitations
immédiatement, explique Anne-Laure Gannac de Psychologies Magazine. Il y a une
volonté de résistance à l'accélération de nos modes de vie. Dans le mouvement
du slow, par exemple, apparu il y a déjà quelques années : slow food, slow
travel... Promouvoir la procrastination s'inscrit dans cette lignée, dans ce
désir de reprendre la maîtrise de son temps.

La procrastination, une forme d'angoisse

La procrastination n'est pas répertoriée au rang des
pathologies. Mais elle est, de toute évidence, la manifestation d'une angoisse.
En refusant de faire ce qui nous apparaît pourtant important et urgent de
faire, on cherche à se protéger. De manière générale, ce qui pose problème,
c'est le passage à l'action, la concrétisation, parce que concrétiser, c'est
aboutir, c'est terminer, c'est arriver à la fin. C'est mourir un peu. Alors que
tant qu'on est débordé, on est dans l'action, on se sent dans la vie et l'on
n'est pas confronté à cette angoisse du vide, ce vide qui s'impose une fois que
tout est bouclé.

Procrastiner : choisir l'immobilisme à défaut de savoir

prendre des risques

On ne peut pas dire que notre société valorise tellement le
risque. La tendance est plutôt au "tout sécuritaire", à vouloir se
protéger de toute difficulté, s'immuniser contre toute souffrance possible.
Ensuite, d'un point de vue plus personnel et psychologique, ne pas agir c'est
encore le meilleur moyen de ne pas écorner l'image idéalisée que l'on a de soi.
Comme dans le sketch de Pierre Dac et Francis Blanche, quand on lui
demande : "Est-ce que vous êtes capables de le faire ?" Le "procrastinateur" répond "Oui, je le peux !"
Point. Il en reste là, dans l'illusion de son potentiel illimité ! Dans
l'idéalisation de son moi.

Si l'immobilisme est vite considéré comme une preuve
d'incompétence, l'hyperréactivité n'est pas plus rassurante, à moyen et à long
terme, en tout cas. Donc finalement, au delà de la nécessité de procrastiner,
tout l'art est de bien gérer son temps, son propre temps, c'est-à-dire pas
celui que nous impose notre environnement technologique, professionnel ou
intime. Mais cela, c'est plus qu'une affaire de volonté : c'est savoir
connaître ses priorités, être prêt à les affirmer, mais tout en prenant les
autres en considération. Et pour acquérir cet art délicat, pas sûr qu'une
journée suffise.

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