Huawei en France : la difficile reconquête de la confiance
Visiblement, Huawei n’a pas renoncé au marché français – au contraire –, malgré le vote d'une loi dite "anti-Huawei" en 2019. Elle avait abouti au début du démontage de ses antennes 5G dans les zones très denses et à proximité d'installation stratégiques (militaires, gouvernementales ou industrielles) et à leur remplacement par des modèles fabriqués par les européens Nokia et Ericsson, pour éviter les risques de fuites de données.
Pas rancunier, Huawei tient sa grand-messe européenne annuelle à Paris en occupant le 3e étage du Hall 7, porte de Versailles pour deux jours très "B-to-B", comme on dit, business to business. Ici, on parle contrat et gros sous. Les visiteurs viennent découvrir les nouveaux équipements réseau – Huawei reste n°1 mondial – mais aussi les bornes de recharge pour voitures électriques ou encore les onduleurs pour panneaux photovoltaïques.
"On est en compétition !"
À la conférence d’ouverture, mercredi matin, nous avons rencontré un invité inattendu, dans une salle comble de 1200 places, toutes occupées, juste après le grand patron en vidéo depuis la Chine : Michel Édouard Leclerc. Un soutien "sans aucune fausse pudeur" explique le président du n°1 de la grande distribution en France.
Son groupe utilise du matériel européen mais aussi des routeurs et des bornes Huawei depuis 2016. Michel Édouard Leclerc l’assume tout en reconnaissant avoir rencontré une réticence : "Oui bien sûr. Je ne suis pas idiot ! Je ne travaille pas pour le PC chinois. Je suis français, je suis même breton ! Et donc, c’est à nous de faire évaluer, de demander conseil. Et que je sache, on n’est pas en guerre. On est en compétition !".
La question n’est pas : Huawei ou un autre. C’est : est-ce qu’on disparait face à Amazon ou Alibaba.
Michel-Édouard Leclerc, président du groupe E.Leclecà france info
Une compétition pour laquelle le renseignement est essentiel. Michel Édouard Leclerc le sait, lui qui est aussi président de l’école de commerce NEOMA et administrateur, depuis cet été, de l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) : "Si on veut éviter les caricatures, il ne faut pas se tromper de combat. La question n’est pas Huawei ou un autre, mais est-ce qu’on disparaît face à Amazon ou Alibaba ou est-ce qu’on prend le meilleur de la technologie en s’assurant de la sécurité de ces technologies ? Et Amazon : même pas peur..." (référence à la campagne de contre-offensive du groupe Leclerc face au n°1 mondial de l’e-commerce, lancée il y a trois ans).
Face à Amazon aussi, Huawei se positionne en nouveau concurrent sur le Cloud. Parti de rien en 2017, Huawei Cloud talonne désormais les services dans le nuage de Google, 4e mondial derrière Amazon, donc, Alibaba, le géant du e-commerce chinois, et Microsoft. Mais avec chaque client potentiel, la question de confiance se pose à nouveau. L’an dernier, Huawei a installé son Cloud européen en Irlande, comme ses concurrents, ce qui ne suffit pas à rassurer totalement. Alors Huawei, en parallèle, s’appuie sur les opérateurs : Deutsche Telekom en Allemagne, Telefonica en Espagne et Orange en France qui commercialise un Cloud privé hautement sécurisé baptisé Flexible Engine : un Cloud en partenariat avec... Huawei.
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