Nouveau monde. Blesser un automobiliste pour éviter un cycliste ? La voiture autonome devra choisir
Les chercheurs planchent très sérieusement sur les choix éthiques qui devront guider les futurs véhicules autonomes.
Les voitures autonomes devraient être une réalité dans quelques années. Et cela risque de poser des problèmes quasiment philosophiques. Par exemple, comment choisir entre sauver un enfant ou des vieillards en cas d'accident ?
Jérôme Colombain en parle avec Jean-François Bonnefon.
Jean-François Bonnefon est docteur en psychologie cognitive, chercheur au CNRS, à la Toulouse School of Economics à Toulouse, à l’IAST (Institute for Advanced Study in Toulouse) et actuellement au MIT (Massachusetts Institute of Technology) en tant que scientifique invité.
Quels sont ces "choix moraux" auxquels la voiture autonome risque d’être confrontée dans le futur ?
Jean-François Bonnefon : Par exemple, une voiture pourrait se retrouver dans une situation où, afin d’éviter un groupe de piétons qui traversent, elle devrait décider de percuter un camion au risque de tuer ses occupants. Elle pourrait aussi avoir à trancher entre sacrifier un enfant ou une personne âgée. Il y a beaucoup de cas de figure.
Vous avez mené la grande étude en ligne Moral Machine visant à recueillir les avis des gens face à toutes sortes de mini scénarios de ce genre. Qu’en retirez-vous ?
Jean-François Bonnefon : Il existe une forme de consensus à travers le monde. Les participants préfèrent sauver les humains que les animaux, le plus grand nombre plutôt qu’un petit nombre de personnes ou encore sauver des enfants plutôt que des gens âgés. Après, les proportions peuvent être différentes selon les pays.
Les véhicules autonomes seront-ils vraiment confrontés à ce genre de situation binaire ?
Jean-François Bonnefon : Oui, c’est possible, mais le plus important est de s’intéresser aux innombrables petites décisions que devra prendre une voiture autonome. Par exemple : s’approcher d’un piéton, s’éloigner d’un cycliste, coller une voiture devant, etc. Toutes ces petites décisions déplacent le risque. La somme de ces petites décisions influera sur le nombre de cyclistes, de piétons ou d’automobilistes tués. C’est cela qu’il faut faire arbitrer par la voiture autonome.
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