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On s'y emploie. Une seule femme parmi les dirigeants de grandes entreprises

"On s'y emploie", c'est tous les dimanches un gros plan sur l'actualité du monde du travail. 

Article rédigé par franceinfo, Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sur un chantier (illustration). (MAXPPP)

Cette semaine, les 5 et 6 octobre, s'est tenu le Women's forum à Paris. Un rendez-vous pour favoriser la mixité dans toute la société. A la tête des grandes entreprises, cette mixité est quasi inexistante. 

Clara Gaymard est présidente du Women's forum qui a eu lieu cette semaine à Paris. Le Women's forum existe depuis 13 ans.

Qu'est-ce qui se passe au Women's forum ?

Clara Gaymard : C'est un forum qui réunit des femmes du monde entier, mais il y a aussi 25% d'hommes, dont le but est de mettre en lumière les solutions et les approches des femmes. 80% des speakers sont des femmes, 2.000 personnes présentes, 81 nationalités. Les femmes qui sont ici sont des dirigeantes d'entreprises, des entrepreneuses, mais aussi des artistes, des femmes qui se battent dans des pays en guerre, des femmes qui se lèvent, qui ont du courage et nous, on leur permet de s'exprimer. 

Un film sort cette semaine, ça s'appelle "Numéro Une", avec Emmanuelle Devos, c'est l'histoire d'une femme qui accède à la tête d'une grande entreprise.

Quelles qualités faut-il pour devenir "Numéro une" ?

Clara Gaymard : le film commence au Women's forum et se termine au Women's forum. Il éclaire la difficulté pour une femme de devenir numéro une parce que c'est un univers qui est à 100% masculin, plutôt blanc et plus de 55 ans, c'est un univers très fermé. Tous les postes de décisions sont tenus par les hommes. Le fait qu'une femme puisse prétendre à ce rôle dérange, parce que ça n'est pas comme ça que ça se passe. C'est ça qu'il faut changer.

Parmi les entreprises du CAC40 et du SBF120, où sont les femmes ?

Il y a une femme qui est dirigeante du CAC40, c'est Isabelle Kocher, à la tête d'Engie, c'est une femme exceptionnelle, mais c'est la seule...

Dans les conseils d'administration, ça vient quand même ?

Clara Gaymard : La loi Coppé-Zimmerman (qui impose 40% de femmes dans les conseils d'administration) a eu un effet mathématique, on en est à 38% aujourd'hui, mais elle n'a pas eu d'impact dans les comités de direction, où on en est à 14%, un peu mieux que la moyenne mondiale qui est à 12%. Dans les comités de direction, les femmes qui sont présentes sont surtout à des postes qui sont non-opérationnels, des postes comme la communication, le juridique ou les ressources humaines, donc les clés de la décision ne sont pas remises entre les mains des femmes.

La féminisation des CA a eu trois conséquences : d'abord la professionnalisation des recrutements, puisqu'on on passe désormais par des cabinets de chasseurs de tête, cela a permis d'internationaliser les conseils, puisqu'on est allé chercher des femmes à l'étranger, et  cela a beaucoup rajeuni les effectifs. Du coup les conseils sont beaucoup plus sur des standards mondiaux, beaucoup moins franco-français.

La France est plutôt bon élève par rapport à d'autres pays d'Europe ? 

Clara Gaymard : Je ne dirais pas ça, parce que la France est bon élève en raison d'une loi. Aux États-Unis, il y a beaucoup plus de femmes qui dirigent des entreprises, on confie des responsabilités aux femmes. La France reste très "macho", dans les grandes et dans les moyennes entreprises, les clés de la décision ne sont pas données aux femmes.

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