Crise économique : "Voir 500 000 à 600 000 jeunes au chômage, c'est plus important que les difficultés d'Air France"
Le président du Cercle des économistes appellent les entreprises qui ne seraient pas "en difficulté majeure" à prendre en charge un jeune, pendant un an, avec une aide de l'Etat.
“Les 400 000 à 600 000 jeunes qui vont arriver sur le marché du travail en septembre, c'est un problème absolument majeur”, a estimé, jeudi 25 juin, sur franceinfo, Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes. Selon lui, il faut prendre des mesures inédites pour éviter que ces jeunes ne se retrouvent au chômage à cause de la crise économique. Il propose notamment que chaque entreprise “qui n'est pas en difficulté majeure prenne, en étant aidée par l'Etat, un jeune pour un an”. “S'il y a urgence, c'est vraiment là qu'il faut mettre le paquet”, pense-t-il.
franceinfo : Faut-il des mesures nouvelles, jamais imaginées, pour sortir de la crise économique liée à l'épidémie de coronavirus ?
Jean-Hervé Lorenzi : Les 400 000 à 600 000 jeunes qui vont arriver sur le marché du travail en septembre, c'est un problème absolument majeur, et il faut trouver des solutions qui n'ont rien à voir avec ce qu'on a imaginé. On peut imaginer que chacune des entreprises qui n'est pas en difficulté majeure prenne, en étant aidée par l'Etat, un jeune pour un an. Il faut vraiment être très très imaginatif. S'il y a urgence, c'est vraiment là qu'il faut mettre le paquet. C'est à cela qu'il faut réfléchir dans les jours et les semaines qui viennent. S'il y a urgence, c'est vraiment là qu'il faut mettre le paquet.
Un pays pour lequel toute une classe d'âge se trouve exclue du marché du travail, de l'apprentissage, du stage, c'est absolument dramatique et c'est en plus source de tensions sociales.
Jean-Hervé Lorenzi, économisteà franceinfo
Qui a la main ? Les entreprises ou l'Etat ?
Les deux. L'Etat, en rappelant qu'on est une société homogène avec des gens qui ont 18 ans et d'autres qui ont 70 ans, et les entreprises. Il faut qu'elles proposent une initiative : que les 500 000 entreprises qui ne se portent pas trop mal s'engagent à prendre un jeune pendant un an sous une forme qui peut être prise en charge entièrement par l'Etat. J'avais fait le calcul, c'est de l'ordre de cinq à six milliards d'euros, on n'est pas à ça près.
Cinq à six milliards, on n'est pas à ça près ?
Non. On va mettre sept milliards pour Air France. Je veux bien, mais voir 500 000 à 600 000 jeunes au chômage, c'est plus important que les difficultés d'Air France. Le sujet numéro un de la société française aujourd'hui, c'est celui de trouver une solution pour l'intégration de la classe d'âge qui va arriver sur le marché du travail, sous une forme d'apprentissage, de stage ou d'emploi. On ne peut pas considérer que toute une classe d'âge disparaisse du marché du travail.
Les Rencontres économiques que vous organisez ont lieu d'habitude à Aix-en-Provence, cette année ce sera à Paris à la Maison de Radio France en raison du contexte sanitaire. Ce sera la semaine prochaine. Il y aura des dizaines d'intervenants mais y aura-t-il des idées nouvelles ?
Cela va être formidable car tout le monde va être représenté, tous les syndicats, toutes les classes d'âge. On a le président du Conseil européen et la présidente de la Commission européenne. On a tout ce qu'il nous faut pour pouvoir réfléchir. Nous présenterons les conclusions le dimanche 5 juillet à 18h.
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