Planète Géo.L'Irak après Daech
En Irak, la terreur islamiste a-t-elle divisé les communautés sunnite et chiite ou au contraire soudé le peuple irakien ? Manon Quérouil a enquêté pour Géo.
Les défis de l’après Daech
La défaite du groupe Etat Islamique, va-t-elle renforcer les clivages confessionnels entre les sunnites et les chiites ou au contraire amener à la réconciliation ? Manon Quérouil a enquêté pour le magazine Géo : accompagnée de la photographe Véronique de Viguerie, elle est allée à la rencontre de cette société aujourd’hui encore divisée.
"En discutant avec les Irakiens, on s’aperçoit qu’une majorité voudrait dépasser les clivages entre sunnites et chiites…. Mais, on est face à toute une génération échaudée par des années de guerre civile" , explique Manon Quérouil.
"Cela n’empêche pas les mariages mixtes, comme celui de Samar et Hassan installé à Sader City, principal quartier chiite de Bagdad, que nous avons rencontré". Mariés en 2006 juste après le bombardement de la mosquée chiite de Samarra, l'un et l'autre sont plutôt sceptiques quant à la coexistence pacifique des deux communautés.
la vraie opposition, c’est celle qui sépare les fanatiques des croyants tolérants. Le reste, c’est de la politique.
Hassan, habitant de Sader City, le quartier chiite de Bagdad
Selon Hassan, "la vraie opposition, c’est celle qui sépare les fanatiques des croyants tolérants. Le reste, c’est de la politique".
Dépasser les clivages
Les avis divergent, en fonction des tensions dans les quartiers.
"Le cheikh Abdel Samara, en charge de la mosquée du quartier sunnite d’Adhamiyah est inquiet sur l’évolution….Ici, la tension est plus palpable que dans d’autres quartiers, et les barrages militaires plus nombreux. Il y a une volonté politique de ne pas reconstruire les espaces sunnites détruits pendant la guerre, si bien que le fossé se creuse ! L’épisode djihadiste a eu de lourdes répercussions sur la communauté sunnite, à la fois plus divisée que par le passé et sommée de se dédouaner des crimes commis par Daech".
Une jeunesse optimiste, malgré tout
Cette envie de dépasser les clivages, elle existe en particulier chez les étudiants, rencontrés sur le campus de l’université à Bagdad : ils sont optimistes.
Le docteur Saad Salloum, professeur de sciences politiques à l’université de Bagdad a créé une association pour promouvoir le dialogue inter-religieux. Pour lui, "le sectarisme ne fait plus recette, le pays est en train de changer…les leaders religieux adaptent leurs discours et gomment les références communautaires" .
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.