Planète Géo. L'Irak, un patrimoine en danger
Montrer la face culturelle de l'Irak, c'est d'abord s'intéresser à l'un des plus grands pélerinages au monde qui vient de se dérouler dans la ville sainte de Kerbala. C'est aussi revenir sur les principaux sites archéologiques du pays, pillés ou négligés.
La semaine dernière, ils étaient entre 13 à 17 millions de chiites venus du monde entier, à se rassembler dans la ville sainte de Kerbala, au sud de Bagdad. Ivan Erhel filme la procession mais pas seulement : il plonge son regard dans la culture irakienne, revient sur les principaux sites archéologiques de l’Irak.
Le pèlerinage de Kerbala
Au sud de Bagdad, Kerbala est un des lieux saints du chiisme, cette branche de l’Islam qui concerne 15 à 20% de la population musulmane.
Ce pèlerinage annuel commémore la fin des 40 jours de deuil consécutif à l’assassinat d’Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, par les troupes du calife de Damas, lors de la bataille de Kerbala, en 680.
C'est la bataille qui donna lieu au grand schisme entre les sunnites et les chiites, clé des déchirements de l'islam d'aujourd'hui.
Des trésors archéologiques en péril
Le pays compte plus de 30 000 sites archéologiques dont seulement 5% ont été étudiés de façon approfondie. Dans le magazine "Géo", Ivan ERHEL fait le tour des sites archéologiques, l'intégralité du patrimoine est en danger. En cause, la succession des conflits depuis 40 ans.
Le nord du pays a été occupé par l’organisation Etat islamique (l’EI) de 2013 à fin 2017. "La spécificité de l’EI est d’avoir prétendu légitimer par la religion ces offenses faites à la mémoire collective".
A Mossoul : "la mosquée Nabi Younès, construite par Assarhaddon, petit-fils de Sargon II et roi d’Assyrie, une région du nord de l’ancienne Mésopotamie, de 680 à 668 avant notre ère, a été détruite par l’organisation Etat islamique (EI) en juillet 2014. Sous la mosquée, ils ont mis à jour le palais d’Assarhaddon, l’EI a pu découvrir de nombreuses reliques, mais a réduit à néant les chances d’en apprendre davantage sur ce site archéologique majeur".
Nimroud : "c'est l’un des sites qui a payé le plus lourd tribut à l’EI. Cette cité est à une centaine de kilomètres au sud de Dahuk, capitale de l’Assyrie sous le règne d’Assourbanipal II (883-859 av. JC), et nommée d’après un personnage biblique et héros mésopotamien, s’étendait autrefois sur plus de 370 hectares. Elle est détruite à plus de 90% à coups de barils d’explosifs disposés tous les trois mètres contre les bas-reliefs".
Au sud du pays, les trésors archéologiques ont été relativement préservés mais sont menacés par l’érosion. C’est le cas de la cité d’Ourouk en Mésopotamie, là où a commencé l’écriture, en 3 500 av. Jésus Christ. Cette cité-État fut très puissante aux IVe et IIIe millénaire avant J.-C
Face à ces destructions, la grande majorité des Irakiens est consternée. Pour l’immense majorité des Irakiens, l’héritage mésopotamien est une des rares sources de fierté nationale.
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