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Polar d'été. "Cherry" de Nico Walker

Tout l'été Gilbert Chevalier revient sur les meilleurs romans noirs, policiers et thrillers de l'année. Aujourd'hui, "Cherry", de Nico Walker publié dans la collection Equinox aux Arènes.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Soldats américains en position à Ramadi, à 100 kilomètres à l'ouest de Bagdad (en Irak) en novembre 2004. (AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

Cherry en argot américain signifie bleu-bite. "Bleu-bite" comme cette expression utilisée par les militaires pour interpeller les jeunes soldats. Ce roman c'est l'histoire de Nico Walker, l'auteur, un jeune homme de la banlieue de Cleveland. Issu de la classe moyenne, sans histoire, étudiant sans passion, finalement il s'engage dans l'armée. L'Irak, retour difficile, syndrome post-traumatique, drogue et finalement braquage et prison.

Nico Walker purge encore une peine jusqu'en 2020 dans un établissement du Kentucky. Et c'est donc en prison qu'il a écrit ce livre. Un livre qui épouse parfaitement le malaise de toute une génération américaine. Aurélien Masson est le créateur et le directeur éditorial de cette collection "Equinox" qui publie le livre Cherry.

"Il y a eu un reportage sur lui à cause de sa vie extraordinaire qui est l'histoire de Cherry. Et l'éditeur américain est tombé sur cet article, sur ce fameux Nico Walker et a commencé à lui écrire en prison et finalement à mettre en marche un processus de création littéraire. C'est d'ailleurs expliqué à la fin du livre. C'est-à-dire qu'à la toute fin, il y a une quinzaine de pages qui vous explique un peu la naissance au forceps, on va dire, de ce roman qui est aussi un témoignage", explique Aurélien Masson.

Un récit trash mais tendre

Cherry nous parle de l'ennui de jeunes ados ou post-ados dans des banlieues tristes. Il nous parle de guerre absurde, de drogue, de sexe et d'amour. Un récit à l'écriture très directe parfois trash mais aussi incroyablement tendre.

"Sans pathos, très sec. Des phrases qui peuvent être dans des zones totalement tristes, glauques et puis tout à coup une phrase lumineuse, une pensée fleur bleue sur l'amour. Comme si l'auteur naviguait à vue et donc c'est très émouvant. On assiste en lisant ce livre, aussi, à la naissance d'un écrivain", s'enthousiasme Aurélien Masson.

Le roman porte le fer sur les cicatrices de la société américaine

L'un des sujets de Cherry, c'est aussi l'addiction à la drogue. Et particulièrement l'addiction aux opioïdes qui fait des ravages dans la population américaine. Près de 60 000 morts par an.

"Aux États-Unis, le livre est en train de devenir un livre culte. Je travaille avec des auteurs américains qui sont profs. Ils me disent : tous mes étudiants, entre 20 et 25 ans, ont tous en ce moment Cherry. Ce livre est aussi ancré dans la réalité contemporaine des États-Unis et appartient à ce titre à toute la grande tradition des romans noirs hérités de l'auteur Dashiell Hammett, c'est-à-dire de porter le fer là où ça fait mal, sur les cicatrices de la société américaine", constate Aurélien Masson.

La presse américaine a adoré et encensé le livre et a parlé de "chef-d'œuvre" et de "miracle littéraire". Miracle également pour Nico Walker qui prépare un deuxième roman et suit l’adaptation de Cherry au cinéma.

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