Dans l’actualité brûlante du feu
Près de 30 000 hectares dévastés, des communes entières sinistrées, La Teste-de-Buch, Landiras, Hostens, Belin-Beliet et Saint-Magne. La Gironde toujours placée en vigilance orange.
De mémoire de pompiers, sylviculteurs et journalistes, on n’avait jamais vu des incendies d’une telle intensité. La Gironde a été défigurée et meurtrie cet été. Valmir a rencontré les reporters Marie Rouarch et Jules Brelaz de France Bleu Gironde.
"Ce qui marque, c’est la chaleur, le feu. Ça peut paraître naïf de dire cela, mais dès qu’on arrive sur place, on est pris par le chaud des flammes", Marie Rouarch, est une des premières journalistes de France Bleu Gironde à arriver sur place quand les premiers habitants de Landiras, en lisière de forêt, sont évacués.
Pendant plusieurs jours et tout au long de l’été, les reporters vont commenter le feu qui progresse et côtoyer la détresse des résidents évacués. Des familles entières qui ont tout perdu. Des femmes et des hommes en état de choc qui témoignent mécaniquement au micro, comme s’ils étaient en thérapie, comme s’il fallait extérioriser le trop plein de douleur et d’incompréhension.
Le mot "cauchemar" revient souvent, le mauvais rêve qui induit une phase de réveil qui ne survient pas, la tragédie qui n’arrive pas qu’aux autres, et dans le vocabulaire des sinistrés apparaît le diable, le feu est ainsi désigné.
Le diable a frappé
Et le reporter doit témoigner son empathie et développer une faculté d’écoute. Dans ce tableau, il n’y a pas des interviewers et des interviewés, il y a des hommes et des femmes ensemble, qui essaient de saisir ce qu’il reste à comprendre. Le feu, le diable, les flammes rouges de l’enfer qui représentent un danger pour les reporters. Si les habitants ont été surpris dans l’intimité de leurs foyers, les premiers reporters de France Bleu Gironde qui arrivent sur place arrivent avec leur matériel, et la gestion du danger est tout aussi importante que sur un théâtre de guerre.
D’ailleurs, tout rappelle un front de guerre : l’odeur de brûlé, les forêts carbonisés, les maisons calcinées, la détresse des victimes, l’impression de vide quand des paysages désertiques sont traversés, l’appréhension du danger. On peut évoluer sur un terrain qui semble sécurisé et alors qu’on ne s’y attend pas, le feu surgit tout à coup, sans crier gare. Marie Rouarch le précise : la règle d’or est de ne pas circuler seul(e), "il faut respecter les consignes des pompiers". Un feu peut très bien traverser une route goudronnée en trois secondes.
"Trouver le ton juste"
Dans une tel exercice journalistique, "la principale difficulté, souligne Jules Brelaz, est de trouver le ton juste". Quand le journaliste est arrivé la nuit à Hostens, avec la lumière rougeoyante des flammes, les cris et les larmes de celles et ceux qu’on évacuait, il a été happé par l’horreur. Mais comment rendre compte sans verser dans le sensationnalisme, et en même temps, donner à voir l’impensable ? C’est un équilibre à trouver dans le récit et la construction des reportages.
Et si le travail de France Bleu Gironde a été salué par l’ensemble de la profession, c’est justement pour cette attention à la juste mesure du drame, de ses causes, de ses conséquences. Sans oublier la responsabilité d’un média de service public de référence, qui doit porter une information fiable en temps réel. L’image a marqué Jules et Marie.
Un sinistré qui avait tout perdu était dans un coin avec un baladeur France Bleu et il écoutait le point sur la situation en temps réel. Ce sinistré était un auditeur qui avait gagné ce poste à un jeu organisé par la radio, et c’est tout ce qui lui restait.
"Notre travail, et c’est le seul point positif dans toute cette noirceur, c’est d’être au plus près de nos auditeurs, surtout dans le coups durs."
Marie Rouarch, reporter à France Bleu Girondeà franceinfo
Et Marie Rouarch en est convaincue. La couverture des incendies de forêt, ce n’est pas fini. Il faut donc s’organiser en prévision.
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