Profession : reporter. Voir Kaboul et en sortir
Kaboul vient de tomber aux mains des talibans. Les journalistes sur place, des pigistes ou des Afghans qui collaborent avec les rédactions occidentales sont évacués. Alors que le chaos règne à l'aéroport, des journalistes du monde entier veulent entrer en Afghanistan pour raconter ce qui s'y joue.
Vincent Souriau de Radio France Internationale, est un des rares journalistes occidentaux à entrer dans le Kaboul taliban.
Seulement à 200 mètres de l'explosion
L'attentat suicide revendiqué par l'organisation État islamique le 26 août, aux portes de l'aéroport de Kaboul a tué au moins 180 personnes dont 13 soldats américains, et blessé 200 autres. Un bilan encore provisoire. Vincent Souriau et les journalistes afghans qui l'accompagnaient auraient pu allonger la liste des victimes si son guide ne s'était pas trompé de chemin. Des vies sauvées par une erreur de trajectoire, parce qu'en effet, ils étaient tout près : la détonation, ils l'entendent, la panique ils la vivent. Des centaines, des milliers de gens courent, des blessés en sang sont poussés dans des brouettes, les ambulances ne sont pas encore là.
Une mission sur un théâtre de guerre est toujours sensible. Quand, quelques jours plus tôt, Vincent Souriau, grand reporter de Radio France Internationale atterrit à Kaboul avec ses collègues de France 24 et une équipe de la BBC, l'accueil des militaires occidentaux qui contrôlent le tarmac est froid : "Qui êtes vous ? Que venez vous faire ici ?".
Les reporters sont arrivés de Doha avec un avion militaire quatari qui faisait des rotations. Et cette arrivée surprise ne plaît pas aux GI's et aux soldats britanniques. D'ailleurs la BBC reste bloquée à l'aéroport, l'information remonte jusqu'à Downing Street. Les Français passent. Ce seront les derniers. D'autres équipes arrivent par le même canal trois jours plus tard et sont refoulés et repartent vers le Qatar.
Une fois en zone talibane, le tensiomètre monte très vite
La tension et la peur s'installent de check-point en check-point, et l'Hôtel Serena soit disant "safe", où descendent tous les journalistes, devient vite une cible pour terroristes.
Dans ce chaos, le reporter va de rumeurs en rumeurs, invérifiables pour la plupart. Il faut donc pour délivrer une info fiable, s'en tenir aux situations qui se déroulent sous ses yeux : les scènes inextricables de l'aéroport, on meurt pour prendre un avion, les descriptifs de la vie à Kaboul, les désastres alimentaires et économiques, celles et ceux qui n'ont pas peur de parler au micro expriment la crainte de leur avenir à Kaboul, et puis il y aussi ce reportage avec une patrouille talibane dans les rues de la capitale. Des jeunes talibans lourdement armés qui ont récupéré une voiture de la police afghane et sont fiers de jouer avec les sirènes du véhicule comme des gamins. Des scènes surréalistes qui en disent long sur ce quotidien de transition qui échappe à toute rationalité.
Et dans ce cadre, le risque zéro n'existe pas
Et à celles et ceux qui se demandent pourquoi risquer sa vie pour un reportage à l'aéroport, ou pour une interview de jeunes talibans ? La réponse sera invariablement la même. Sur un théâtre de guerre, ou dans un pays en proie à une crise de cette nature, le reporter porte à la connaissance de tous la réalité du terrain, dans ses moindres nuances. Et ce faisant, ne laisse pas le champ de l'information aux propagandistes et aux communicants, quels qu'ils soient.
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