Sur les lignes de front du virus, au plus près des services hospitaliers
Même si l’intervention du Premier ministre, Jean Castex, a donné un peu d’optimisme, et que la situation s’améliore dans les services de réa, les reportages de terrain dans les hôpitaux continuent de témoigner d'un flux tendu.
Depuis le début de la crise sanitaire, les journalistes santé vont de reportages dans les hôpitaux aux interviews de médecins. En deux années d’incertitudes et d’injonctions contradictoires, la priorité est de délivrer l’information la plus fiable qui soit. Tara Schlegel, reporter à France Culture, revient d’un reportage au CHU d'Angers.
Après deux ans de crise, les infirmiers et les personnels hospitaliers sont fatigués, concentrés sur leurs tâches, et si lors du premier confinement, ils ouvraient facilement les portes de leurs services aux journalistes, la lassitude a fini par gagner les rangs. Pas d’animosité particulière, mais la question de la pertinence.
Au pire de la crise, en réanimation, il fallait alerter, plaider le manque de moyens, la saturation, l’énergie dépensée. Il y avait sans doute une volonté pédagogique. Porter à la connaissance du grand public ce que les services enduraient, la dangerosité jusqu’à la mort, et la nécessité de se protéger, d’être plus attentifs aux arguments du corps médical.
Le travail des journalistes pour remédier à la désinformation
Aujourd’hui, les faits sont connus, ils n’empêchent pas la croyance en des thèses farfelues qui se propagent sur les réseaux et gangrènent parfois le débat public. La plupart des médecins estiment que leur place est auprès des équipes et de leurs malades. Si il y a désinformation, c’est aux journalistes d’y remédier.
Depuis mars 2020, Tara Schlegel de France Culture a réalisé beaucoup d’interviews d’infectiologues, d’épidémiologistes, de chefs de service. Des experts reconnus dans leurs domaines qui évitaient les projections superflues et parlaient très factuellement de données connues, analysées et sur lesquelles on pouvait se reposer.
La crise sanitaire a évidemment accentué les problèmes structurels que connaissait le secteur de la santé avant la propagation du virus. Et Tara Schlegel n’en avait un aperçu que dans les manifestations des blouses blanches, quand excédées, elles répondaient à l’appel des syndicats à se mobiliser.
En immersion au CHU d'Angers : redoubler d'imagination pour trouver des solutions
Dans le micro de la journaliste de France Culture, on entendait l’exténuation, des cris d’alarme et la reporter ne pouvait que se fier à ce qu’elle entendait. En entrant en immersion dans le CHU d’Angers, Tara Schlegel s’est rendue compte à quel point les témoignages recueillis n’étaient pas une vue de l’esprit.
En assistant notamment à la tenue de la cellule de crise de l’hôpital , elle a vu les chefs de service – pas seulement les administratifs – redoubler d’imagination pour trouver des solutions au manque de lits, tout ce qui relevait de reports d’opérations, programmées pour d’autres pathologies, il fallait les envisager en derniers recours, et quant au plus fort de la crise, il n’y avait pas le choix, il fallait faire vite.
La reporter devient le témoin de ce flux tendu
Et quand le micro de Tara Schegel se tend, un peu à la manière d’une pause-café, les mots se libèrent. Elle n’oubliera pas cette jeune infirmière recrutée il y a deux ans et demi. Soit six mois avant le début de la crise. Avec le premier confinement, les malades qui arrivent meurent pour la plupart. On court, on fait ce qu’on peut pour sauver, et la mort, souvent, trop souvent, qui frappe. Ça fait partie du métier, mais à priori, elle n’a pas choisi cette spécialité pour autant côtoyer la mort. Et c’est en le disant, en le formalisant qu’elle craque, que des larmes s’échappent.
Ça sert aussi à ça, une interview. Éliminer le trop plein de tension chez celles et ceux qui sont mobilisés sur le front du virus et qui enchaînent les jours, les nuits, les urgences.
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- L'entretien accordé par la direction générale du CHU d'Angers à Tara Schlegel pour France Culture : Cécile Jaglin-Grimonprez se dit très fière du personnel de son hôpital et "Si elle évoque la fatigue des professionnels et les difficultés de recrutement, elle affirme aussi que l'hôpital public n'est pas en train de s'effondrer", souligne Tara Schlegel.
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