Anglais : mention TB aux écoliers, bonnet d'âne aux collégiens
C'est ce qui ressort de deux
copieuses études, l'une sur le primaire, l'autre sur le collège, menées par la Direction de l'évaluation et de la prospective
du ministère de l'Education nationale. Elle compare les résultats des élèves en
2004 et en 2010.
Mention Bien pour les écoliers !
Oui. Ce qui n'est pas très
étonnant au fond quand on sait que 90% des élèves aiment apprendre une langue
étrangère et que 88% estiment que c'est important. Ils sont aussi 83% à estimer
que cours
d'anglais est un moment agréable. Résultat :
des progrès à l'oral, même s'ils portent plus sur la reconnaissance d'éléments
connus que sur la capacité à construire un message. Et des progrès encore plus
importants à l'écrit : non seulement le score moyen a progressé, mais le
nombre d'élèves très performants aussi. Ceci étant, là aussi, "les élèves réussissent mieux dans la compétence" Connaître et reconnaître "que dans la compétence "Dégager les principales informations d'un texte".
Et
quand on est bon à l'écrit, on est également bon à l'oral ?
Pas forcément. Seuls un quart des élèves sont aussi bons
dans les deux. L'étude tire trois conclusions
-
l'enseignement de l'anglais s'inscrit
désormais à part entière dans le paysage de l'école primaire et il bénéficie
d'une organisation plus régulière et constante – ainsi 89% des élèves étudient
l'anglais en primaire contre 79% en 2004 et 90% l'ont débutée en CE2 ou avant,
c'est deux fois plus qu'en 2004.
-
deuxième conclusion : cet enseignement est davantage
pris en charge par des enseignants du premier degré, de mieux en mieux formés ; - l'application plus stricte des programmes ainsi que des
évaluations plus régulières et systématiques ont permis de développer les
savoirs et les savoir-faire des élèves.
On
dit qu'on apprend mieux en s'immergeant dans une langue...
Et c'est le cas de 28.8% des élèves contre 22% en 2004 :
ils déclarent avoir utilisé l'anglais en vacances dans un pays anglophone ;
ils sont aussi plus nombreux qu'avant à avoir un correspondant : 16%
contre 12%
Un
bilan très favorable... Au collège en revanche, c'est la douche froide...
Oui. "Les scores moyens des élèves de fin de collège
en compréhension de l'oral sont en baisse significative par rapport à 2004"
alors même que l'objectif des nouveaux programmes de 2007 insistaient sur l'importance
de l'oral. Non seulement le nombre d'élèves les plus faibles a augmenté, mais
le nombre des élèves les plus habiles a diminué.
Comment
explique-t-on ce paradoxe ?
Hypothèse des auteurs de l'étude : l'accent mis sur
l'oral s'est fait au détriment des activités liées à la compréhension.
Même
Bérézina à l'écrit ?
Un peu moins. " le score moyen reste stable en
compréhension de l'écrit, mais on constate une augmentation des écarts de
performance". "L'accès au sens d'un message écrit (c'est-à-dire la
capacité à synthétiser des informations, et à établir des liens) n'est maîtrisé
que par 14 % de l'ensemble de l'échantillon. La moitié des élèves ne sont
capables que de repérages ponctuels."
Les écoliers
aiment l'anglais. Et les collégiens ?
Non. Seuls 40 % des élèves déclarent aimer "un peu"
l'anglais et 11 % déclarent ne pas l'aimer "du tout". Pourtant, un sur deux a
effectué un voyage dans un pays anglophone.
On
entend parfois que le fait de pouvoir regarder des films en version originale motive
les élèves...
Ça ne se vérifie pas, mais ça pourrait changer. Cette
motivation arrive pour li'nstant en dernière position, loin derrière la
possibilité de communiquer en anglais ou la conscience de l'importance de l'anglais
dans les études. Les collégiens ne sont que 5% à regarder tous les jours des
émissions de télévision ou des films en V.O. sous-titrée, mais c'est deux fois
plus qu'en 2004. Idem pour ceux qui le font une fois par semaine : 20 % contre
8% il y a dix ans. En fait, le contact avec la langue se fait, à 90% , par la
musique.
Et internet ?
Ça marche aussi, pour 93% des élèves. Mais pas en classe :
les cassettes audio en revanche sont toujours là (dans 62% des cas selon les
élèves) tandis que les cassettes vidéo, les journaux, les magazines ou les BD
continuent à n'être " jamais " utilisés selon environ 65 % des élèves. La
grande majorité déclare aussi ne jamais bénéficier d'un assistant anglophone en
cours d'anglais. Quant aux programmes informatiques, ils ne servent " jamais "
en cours selon 73% des élèves pas plus que les nouvelles technologie,
totalement absentes selon une écrasante majorité d'élèves (85 à 95 %). Ce que
confirment d'ailleurs les déclarations des enseignants
Et
justement les enseignants, que
disent-ils ?
Ils n'ont pas le moral. 37% d'entre eux déclarent qu'ils quitteraient
l'enseignement s'ils en avaient l'occasion, c'est 11% de plus qu'en 2004 et
plus de sept sur dix pensent que leur profession est très peu valorisée par la société
et près de la moitié jugent que leur travail est "très peu" valorisé par leurs
élèves.
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