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Paris et l'architecture du baron Haussmann

Paris est connue pour être la plus belle ville du monde. Elle tient cette réputation de ces monuments, très nombreux, mais aussi de l'uniformité de son architecture que l'on doit au baron Haussmann. Les immeubles sont alignés, pas très hauts finalement, et répondent à des standards assez précis.
Article rédigé par Jean-Michel Guérin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Haussmann, sous l'égide de Napoléon III, avait pour mission de rénover
Paris. Il ne s'agissait pas seulement d'architecture, mais d'un plan
d'urbanisme ambitieux, avec la percée d'avenues et de boulevards, la création
de places, de monuments, de jardins et la mise en place, par l'ingénieur
Belgrand, des réseaux d'alimentation en eau et du tout-à-l'égout. Il y avait
donc, en plus une dimension hygiéniste, le but étant de donner de l'air, de
l'eau et de l'ombre aux parisiens. Mais Haussmann a aussi eu une influence sur
Rouen, Bordeaux, Lyon, et bien d'autres villes.

C'est quoi le standard "Haussmannien" ?

Tout d'abord, la hauteur de l'immeuble est réglementée, de 12 à 20 mètres,
en fonction de la largeur de la voie. On a donc 5 à 6 étages. Cela permet
d'avoir des immeubles parfaitement alignés, et d'avoir des lignes de balcon
exactement à la même hauteur. Typiquement, le rez-de-chaussée, et idéalement le
premier étage, est fait de murs à refends, c'est-à-dire avec des stries
profondes. Le porche laisse passer les voitures à cheval et parfois, dans
l'ogive, du porche, il y a la loge du concierge. On en voit encore
quelques-unes.

Et les hauteurs sous plafond ne sont pas les mêmes à tous les étages. Au 1er
étage, que l'on appelait l'entresol, les appartements étaient réservés aux
marchands, propriétaires des magasins du rez-de-chaussée. Si vous regardez
bien, les fenêtres y sont moins hautes qu'aux autres étages. C'était pour des
raisons de symétrie, le porche étant plus haut, il fallait réduire le niveau
juste au-dessus. La hauteur sous plafond n'y dépassait pas 2,60 mètres, contre
3,20 mètres pour le deuxième étage, l'étage noble. Ensuite, la hauteur sous
plafond va en décroissant au fur et à mesure que l'on monte.

Il y a des balcons au deuxième et cinquième étage. Ils peuvent être filants,
c'est-à-dire s'étirer sur toute la longueur de la façade, au deuxième étage, ou
encore centrés. Si on a quatre fenêtres, le balcon du deuxième peut être centré
sur les deux fenêtres du milieu. Il y a aussi un balcon filant au cinquième
étage et si vous observez bien, vous verrez que les ferronneries du 5e étage
sont moins ouvragées que celles du deuxième.  

Pour la distribution intérieure, les appartements étaient reliés au tout-à-l'égout, équipés d'une cuisine, qui donnait généralement sur la cour, avec les
garde-mangers "persiennés". La cuisine est généralement desservie par
un escalier de service. Les pièces principales sont situées sur la rue.

C'était une véritable rupture avec ce qui existait auparavant, c'est-à-dire
des maisons très étroites avec très peu d'ouvertures. Tout ceci a commencé en
1853, et la période s'est prolongée jusqu'à la première guerre, même si, petit
à petit, les règlements se sont assouplis et ont permis quelques fantaisies. Le
baron Haussmann avait quitté la préfecture, mais ceux qui ont construit après
son ère, ont été contraints de s'adapter.

On estime que 60% des immeubles parisiens ont été construits pendant cette
période. Le baron Haussmann a pourtant été critiqué Oui, pour plusieurs
raisons. La première, c'est que les expropriations, notamment au début, étaient
pour le moins autoritaires. On l'a surnommé "l'Attila des
expropriations
" ! Ensuite, parce que le coût de ces travaux était
exorbitant et a conduit à un krach immobilier, déjà à l'époque. Et puis, il ne
cachait pas que les loyers allaient augmenter, mais que cela constituait "un
rempart utile contre l'invasion des ouvriers de province
". Enfin, il a
aussi été critiqué parce que ses plans répondaient aussi à des préoccupations
d'ordre. Les grandes avenues laissaient passer la cavalerie, et le tracé
rectiligne permettait de titrer au canon sur la foule. Il était plus facile de
contrôler les émeutes.

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