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Si j'étais... Emmanuel Macron

Karl Zéro s'est imaginé dans la peau d'Emmanuel Macron, candidat d'En Marche à la présidentielle.

Article rédigé par franceinfo - Karl Zéro
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Emmanuel Macron le 2 mars 2017, à Paris. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Si j’étais Emmanuel Macron, je ne me serais pas levé ce matin. J’ai dit à Brigitte : chérie, franchement, c’est plus la peine, laisse moi dormir. Si à midi je ne suis pas réveillé, passe une tête, et on verra… A quoi bon continuer à me fatiguer ? En plus, j’ai commencé ces derniers temps à donner des signes de fatigue, géographique entre autres…

Alors que je suis au top du top. Déjà élu. Dans tous les cas de figures, chez tous les sondeurs, je suis au second tour. Là, je pulvérise Mme Le Pen. 65-35. Terminé. Pourquoi irais-je risquer maintenant le faux-pas en meeting, ou dans les médias, ou dans de vains débats à onze ? On n’est pas au foot, y a pas besoin d’être onze, ils n'ont qu’à jouer à dix. S’ils veulent s’engueuler en direct, qu’ils le fassent sans moi.

C’est plus En marche !, c’est le samu social

D’ailleurs, je suis poli, élever le ton, c’est pas mon truc. Du coup en débat, je ne suis pas terrible : j’écoute les autres en souriant, j’opine du bonnet, je passe pour le mec d’accord avec tout le monde. C’est ma nature, notez. J’ai toujours été d’accord avec tout le monde… C’est pour ça que, globalement, j’ai bien réussi dans la vie. Résultat, comme tout le monde sent que je suis pas le mec à faire chier, tout le monde veut me rallier. C’est plus En marche !, c’est le samu social.

A droite, j’ai compté, j’en suis à douze anciens ministres de Jacques Chirac… J’ai mis les bras en croix et, direct, ils m’ont pris pour Jésus ! Douze Lazare se sont levés et se sont mis en marche : Bayrou, Lepage, Aillagon, Perben, Douste-Blazy, Arthuis, de Peretti, Dutreil, Delevoye, Lepeltier, Idrac et Montchamp. La nuit des morts-vivants. Les Revenants. Que des jeunes. Des espoirs. La France qui gagne.

Et pourquoi Fillon, tant qu'on y est ?

J’incarne une nouvelle politique avec de nouveaux visages: ceux du gouvernement Juppé de 1995 ! Je plaisante mais c’est un peu inquiétant, non ? Ils ont vu mon programme, et ils en ont conclu que j’étais le nouveau Chirac, le gars qui ne va rien faire pendant douze ans, à part le musée des Arts premiers ?

De l’autre côté, j’ai déjà trois ralliés de chez Hollande : Le Drian, Pompili et Braillard… Et ce n’est que le début, évidemment, ils vont tous rappliquer avant le vote. Même Le Roux, Cahuzac et Thévenoud… [Cette chronique a été diffusée mercredi 29 mars avant l'annonce par Manuel Valls qu'il voterait Macron au premier tour.] Et peut-être même Fillon, tiens, s’il ne décide pas d’aller passer le week-end du 23 près du canal, à Nevers.

Laissez-moi dormir

Alors, si j’étais Emmanuel Macron, j’aurais convoqué hier une petite conférence de presse improvisée pour leur mettre les points sur les i, à cette flopée de ralliés de la 25e heure… Ne croyez pas que c’est parce que vous me rejoignez, à trois semaines du premier tour, les jambes flageolantes et la gueule enfarinée, que vous serez ministre, députés ou sénateurs ! Je ne refuse personne, mais ça ne vous donne droit qu’à un devoir: celui d’aller voter pour moi le 23 avril. Pour le reste, on verra après. C’est à dire jamais…

Putain, faut que je dorme ! Dans cinq semaines, je vais être président de la République, à 39 ans, et je vous l’avoue, j’ai peur. Faire le beau, ma voix à l’hélium, mes yeux de chouette, être d’accord pour tout avec tout le monde, je sais faire, je l’ai prouvé, mais derrière… Derrière va falloir vraiment gouverner ce pays ingouvernable, constituer une majorité avec des branquignols, et me fader Trump et Poutine, sans parler de la dette, et du terrorisme… Ça craint, en fait.
Laissez moi dormir trois semaines !

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