Si j'étais... Manuel Valls
Karl Zéro se met dans la peau du Premier ministre, Manuel Valls.
Si j’étais Manuel Valls je prendrais une année sabbatique. Tout de suite, là, maintenant. J’irais voir le gros avec la cravate de traviole et je lui dirais : "François, c’est fini, je me casse, tu te débrouilles." Il me supplierait de rester, me menacerait de rappeler Ayrault à ma place, il pleurerait, de grosses larmes chaudes rouleraient sur ses joues potelées, mais je serai déjà rentré chez moi, occupé à casser toute la vaisselle, puis à faire ma valise. J’ai les nerfs. Encore plus que d’habitude, j’veux dire.
Faut dire que si j’étais Manuel Valls j’aurais tout prévu, en fin stratège catalan, lecteur de Balthazar Gracian, sauf qu’il allait oser y retourner, ce clown… Je me disais : "Il est cuit, il le sait, il est pas con, il va raccrocher, partir avec les honneurs, et on n'en parle plus. Là, j’annonce ma candidature, j’en appelle à la France unie, je fais les gros yeux, mon menton mussolinien, et je pique la moitié des voix de Sarko au premier tour et je plie Marine au second." Ben voyons. C’était compter sans l’héritier putatif du petit père Queuille… "La politique n'est pas l'art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent."
Quand j’ai vu Julie Gayet à la une de Match, j’ai compris que c’était mort : me voilà pris au piège par un pantin fou, un ramolli du bulbe, qui même à 2% (dans un mois) se représentera. Il croit qu’il va refaire le coup de Tonton en 88. Renaud chantait "Laisse pas béton, Tonton". Maintenant, il soutient Fillon… Alors, depuis quelques jours, je suis en conduite automatique, sonné, hébété, hagard. Je fonctionne au radar, je m’écoute parler, je m’écoute dire : "Il n’y a pas de places pour les aventures individuelles" aux Macron, Hamon, Duflot et autre Montebourg… Alors qu’ils ont bien raison, la politique c’est que ça, une succession d’aventures individuelles, faut tenter sa chance, 100% l’ont fait, c’est comme au loto, sauf que moi… j’ai pas joué. J’ai connement laissé passer mon tour. J’ai plus rien à faire là, je le sais et pourtant… je ne bouge pas. Je suis condamné à l’inertie.
Si j’étais Manuel Valls, je serais toujours fidèle au poste. Miné, mais présent… Droit dans mes bottes, raide comme un passe-lacets, sanglé dans mon costume The Kooples, incarnant la "fermeté tranquille", pendant que le premier crétin barbu venu hystérise les jeunes des cités via Telegram et qu’on sabote l’un des ultimes trésors industriels français à Belfort.
Je suis tristement loyal vis à vis du Président, je le soutiens comme la corde le pendu. Alors on va se battre, la mort dans l’âme, et on va se ramasser à la pelle comme les feuilles mortes d’Yves Montand. Ségo fera campagne sur le thème fédérateur des boues rouges, Najat fera campagne en Volapuk, on ne comprend jamais rien à ce qu’elle dit, et Marisol me broutera encore avec le burkini… On est une équipe qui gagne avec une éthique qui perd.
Après ? Bah ! Ce sera l’alternance. Je retournerai végéter à Evry, je poserai des questions au gouvernement Baroin, en espérant qu’elle soit reprise au 23 heures de France 3, et surtout j’attendrai… J’attendrai mon heure. La pendule fera tic tac, il pleuvra certains jours, le chat ronronnera, il y aura des grèves contre la baisse du smic à 570 euros, ça fera des embouteillages, mais je n’aurai plus de gyrophare.
Voilà mon état d’esprit. Mais si j’étais Valls jamais je ne vous l’aurais exposé aussi clairement.
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