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T'as vu l'info ? Emmanuel Macron lit "le soir et la nuit", et nous file la migraine

Le président de la République a accordé une interview truffée de références dans le magazine "Le Point". Cela n'a pas échappé à Guy Birenbaum.

Article rédigé par franceinfo, Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le président de la République, Emmanuel Macron et son chien Nemo, à l'Elysée.    (ALAIN JOCARD / POOL)

J’ai l’impression que mon cerveau a fondu de l’intérieur. Tout ça à cause de l’interview du président Macron au Point. Je vous préviens, c’est la dernière fois que je me tape 22 pages de Macron au réveil ! J’ai l’impression d’être entré dans un tunnel à cinq heures du matin et de n’être jamais ressorti. Déjà, il y a certaines des questions du Point qui m’ont donné l’impression d’être complètement idiot, comme le jour du bac philo devant ma copie : "Avant votre élection, vos détracteurs vous décrivaient comme une sorte de hipster participatif qui prenait la France pour un open space." Ils prennent quoi au Point ? C’est fort non ? J’en ai une autre : "Vous voulez passer du modèle d’assurance sociale dit bismarckien au modèle de solidarité dit beveridgien." Moi, personnellement, je ne parle prussien que sous la torture, donc si quelqu’un peut traduire.

Vous êtes plutôt saint-simonien ou schumpéterien ?

Et puis, le président Macron a un énorme défaut. Il fait du "name dropping". Il balance des noms et des citations, mais pas n’importe quel nom ni n’importe quelle citation. C’est le champion du monde de l’intello mort. Je vous les fais par ordre d’apparition à l’écran. Braudel, l’historien, sans son prénom, Fernand. Paul Valéry, avec cette citation : "Tout état social exige des fictions". J’avais d’abord lu "frictions"…  Il y a aussi Saint-Simon, Schumpeter. Alors là, accrochez-vous : "Puisque l’on entre dans un monde très schumpéterien, il est important de libérer le processus de destruction créatrice".

Et puis, il y a la cerise sur le gâteau, cherry on the cake, Emmanuel Macron glisse in extremis le philosophe Levinas, toujours sans son prénom, Emmanuel : "Et comme dit Levinas, la confiance est le problème de l’autre". What ? On l’a perdu ! Ce n’est pas un porte-parole qu’il lui faut à Emmanuel Macron, pour remonter dans les sondages, mais un décodeur. A la fin de l’entretien, le président Macron explique qu’il lit tous les jours. "Plutôt le soir et la nuit". Je me demande s’il ne devrait pas plutôt arrêter de lire, respirer un bon coup, sortir, aller danser, se lâcher et du coup nous lâcher :

Le dicton du jour

À la saint Aristide tous ces intellos morts, ça donne des pensées morbides.  

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