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Islande : Vive la crise !

François Hollande se rend en Islande aujourd'hui pour participer à la conférence du Cercle arctique. Le chef de l’État va y parler protection du climat, juste avant la COP21. "Tout euro, tout éco" parle de l'économie islandaise. Une chose à dire : Vive la crise !
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
  (Les Islandais ont manifesté à Reykjavik en 2008 contre l'austérité. © MaxPPP)

En Islande la crise est morte, finie, enterrée ! L’Islande, le premier pays d’Europe qui a fait appel au FMI, vient de rembourser en avance le prêt qu’il lui avait octroyé, soit plus de 3 milliards de dollars. C’était la semaine dernière. Au moment où la zone euro n’arrive pas à laisser la crise derrière elle, au moment où la France cherche 16 milliards d’économies nouvelles et où, à trois mois des élections générales, Bruxelles doute déjà du budget de l’Espagne, l’Islande mérite le respect. Car souvenez-vous, ce petit pays de 330.000 habitants revient de très loin. En 2008, trois semaines après la faillite de Lehman Brother’s, trois de ses principales banques s’effondraient lamentablement, victimes d’une conversion trop rapide du pays. L’Islande était passée en une dizaine d’années d’un pays de pêcheurs au paradis des banques, dont les actifs étaient de très loin supérieurs au PIB national, vertigineux. Et en 2008, c’est l’ensemble de l’économie qui s’est arrêtée.

Plusieurs choses en même temps : d’abord l’Islande et surtout les Islandais ont laissé mourir leurs banques aux actifs pourris au lieu de voler à leur secours. Voilà ce qu’il fallait faire, disent certains chez nous qui critiquent l’austérité. Mais ils oublient que la médaille a eu un revers. L’Islande a dû mettre en place un contrôle des capitaux, comme on l’a vu en Grèce récemment et le pays a dû réduire ses dépenses publiques de façon drastique, plus de 11 %, ce qui est énorme. Elle a aussi fortement augmenté les impôts, 9 points de plus en 5 ans. Et ça n’a pas été la fête pour les Islandais dont les salaires ont été gelés. Mais l’arme suprême, celle que l’Europe ne pourra jamais utiliser, a été la dévaluation de la couronne islandaise, jusqu’à 70 % de sa valeur.

Il n'y a plus de prêt à rembourser, plus de contrôle des changes, le déficit est passé de - 13 % à + 2 % aujourd’hui, de quoi nous faire rêver. Le chômage est de 4, 3 %, c’est-à-dire que c’est quasiment le plein emploi. Même si, certains dans l’île ont dû retourner à leur métier de pêcheurs. Le crédit qui coulait à flot autrefois est devenu extrêmement couteux. Les entreprises islandaises installées à l’étranger ont souffert. Aujourd’hui, la récente levée du contrôle des changes fait craindre une nouvelle dévaluation de la couronne et le patron de la principale banque va être jugé en correctionnelle pour avoir dupé quelques 110 investisseurs espagnols et français, dont le chanteur Enrico Macias, via sa filiale luxembourgeoise. La honte. L’image du pays a pris un sévère coup. Et le paysage politique islandais est complètement disloqué. Des partis ont sombré corps et biens.

L’Islande a donc sauvé son économie presque toute seule sans tendre perpétuellement la main, comme la Grèce, mais le pays qui était avant la crise, le plus riche d’Europe derrière la Norvège, a payé un prix très fort à l’austérité. Et ça, ça fait moins rêver.

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