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Tout euro, tout éco. Après le plombier, le routier polonais

On a connu le plombier polonais avec son salaire si bas qui réparait votre tuyauterie pour trois francs six sous. Aujourd’hui c’est le routier polonais qui fait de l’ombre à ses homologues en Europe. 

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Chauffeurs dénonçant la concurrence polonaise. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

D’une manière générale, les transporteurs de l’Est trustent plus de la moitié du transport à l’intérieur des frontières européennes.

La vieille Europe a déjà perdu la bataille

Pas seulement celle du travailleur détaché comme le plombier polonais. Mais aussi celle du marché que les transporteurs de l’Est ont fait basculer en leur faveur. Ils représentent aujourd’hui près des deux tiers du transport international de marchandises sur nos routes européennes. Et les Polonais sont partout, ils ramassent à eux seul un quart du transport. C’est ce que révèle l’enquête du Comité National Routier. Les entreprises de l’Est se développent deux fois plus vite que celles de la vieille Europe. Il suffit d’ailleurs de regarder les plaques minéralogiques sur nos routes.

A l’intérieur aussi

Et si vous avez livré en France, dans le prolongement, vous avez le droit de faire ce qu’on appelle du cabotage, c’est-à-dire du transport à l’intérieur du pays où vous avez livré. Comme les écarts de salaires entre un chauffeur de l’Est et son homologue de l’Ouest sont de 1 à 10, et comme le salaire pèse pour plus d’un tiers dans le prix du transport, l’addition est vite faite, le cabotage pour les routiers français, c’est aujourd’hui presque un lointain souvenir.

Sur nos routes, vous croisez surtout les Polonais, les Roumains, les Tchèques, les Hongrois, les Slovènes mais aussi les Espagnols, et les Portugais. Dans des camions petits aux règles de circulations plus légères, avec des gens qui n’hésitent pas à dormir en permanence dans leur cabine, et qui, chez eux, empocheront des frais de déplacement, on comprend où est le dumping social. L’Allemagne a obligé tous les transporteurs à payer leurs chauffeurs au SMIC allemand. La France aussi.

La faute à la vieille Europe

La vieille Europe encourage elle-même le dumping social en faisant appel à des sous-traitants venus de l’Est. Il y a 15 ans, un déménageur français travaillait avec des salariés français, aujourd’hui il sous-traite souvent, c’est plus rentable. De là à penser que le secteur se tire lui-même une balle dans le pied, il n’y a qu’un pas. Ce qui n’empêche pas les transporteurs de crier au dumping social et à la concurrence déloyale qui, de fait, est bien réelle.

Avant 2000, les transporteurs français faisaient 50% de leurs affaires à l’international, la chute est dure, aujourd’hui c’est seulement 9%. Neuf pays de l’Ouest de l’Europe se sont réunis dans une "alliance du routier" pour lutter contre cette concurrence déloyale. En attendant que soit réglée l’éternelle question des travailleurs détachés...

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