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Tout euro, tout éco. L’Allemagne veut rogner les allocations familiales pour les enfants des autres européens.

Il y a toujours des idées surprenantes qui nous viennent de Grande-Bretagne ou d’Allemagne. Par exemple, les contrats de travail à zéro euro, ou les contrats selon les besoins, inventés par les deux pays et qui érigent la précarité en règle. Cette fois-ci encore c’est du côté des allocations familiales et de l’Allemagne que nous vient une initiative étonnante, voire choquante.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Kindergeld, image symbolique (ARMIN WEIGEL / DPA)

Wolfgang Schäuble, l’homme qui tient serrés les cordons de la bourse européenne, mais avant tout ceux de l’Allemagne, prépare un projet de loi surprenant qui lui attire les foudres de Bruxelles. Le ministre des finances allemand envisage de diviser par deux les allocations familiales des européens qui travaillent, cotisent et paient leurs impôts en Allemagne quand ils ont des enfants à l’étranger. Le Kindergeld en Allemagne c’est aux alentours de 200€ par enfant, modulable selon l’âge, ces familles ne toucheraient donc plus qu’une centaine d’euros. Le ministère des finances estime que ces enfants d’européens vivant à l’étranger sont environ 184 000 dont 86 000 Polonais suivis de Croates, de Bulgares et de Roumains.

L’Allemagne chatouilleuse sur l’argent public

Si en France on pêche par l’absence de contrôle des dépenses sociales, ça n’est pas le cas en Allemagne où on est très chatouilleux sur l’argent public versé.Et ce bien que les coffres du pays soient remplis d’excédents budgétaires. L’Allemagne n’est pas la seule à se poser la question des prestations sociales versées aux autres européens. Souvenez-vous de la campagne du Brexit autour des polonais accusés de venir en Grande-Bretagne pour ces aides sociales. La brèche avait été ouverte par Cameron. Avant le Brexit, il avait même obtenu des Européens la limitation des prestations sociales aux ressortissants d’autres pays d’Europe. L’accord est devenu caduc depuis le vote.

Colère de la commissaire européenne

Marianne Thyssen, la commissaire aux affaires sociales a déjà rappelé que les citoyens européens qui travaillent dans un autre Etat membre ont les mêmes droits sociaux que les citoyens du pays en question. Mais elle confesse aussi avoir dû faire barrage, en décembre dernier, à d’autres demandes du même type de la part d’autres pays européens. Elle souligne aussi que moins d’1% des allocations familiales versées en Europe sont transférées d’un pays à un autre pays. La Cour de justice européenne, de son côté, a bien souligné récemment que l’attribution de ces aides était conditionnée par le fait d’avoir un emploi. Ce sera difficile, en Grande-Bretagne en tout cas, quand Theresa May incite les entreprises britanniques à appliquer la préférence nationale dans les embauches. Le repli sur soi est dans l’air du temps. L’Europe le reflète. Mais l’étranger accusé de venir  manger le pain national est parfois le boulanger lui-même. L’Allemagne devrait s’en souvenir, elle qui ne cesse d’employer une main d’œuvre venue d’ailleurs en Europe, dont elle a absolument besoin et dont la formation et les études ne lui ont absolument rien coûté.

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