Accord commercial transatlantique, des vertus pour l'Europe
Hier à Bruxelles ont repris les discussions entamées l'été dernier mais qui avaient été interrompues par la crise budgétaire aux Etats-Unis et les affaires d'espionnages des américains en Europe. La Commission négocie pour l'ensemble des pays membres. Côté américain, 50 hauts fonctionnaires ont fait le déplacement depuis Washington. Jusqu'à vendredi, tout ce petit monde va parler de sujets aussi divers que l'investissement, les services ou encore l'énergie.
Pourquoi mettre aujourd'hui sur la table des sujets qui représentent des points de friction avec les Etats-Unis depuis de nombreuses années ?
Pour réagir à la poussée de l'Asie. Le centre de gravité du commerce mondial ne fait que se déplacer vers cette région du monde. Ce mouvement n'est pas nouveau mais, jusqu'à présent, européens d'un côté, Etats-Unis de l'autre, poussaient leurs pions individuellement. Aujourd'hui, Bruxelles et Washington estiment que travailler main dans la main pour résister à l'ogre asiatique en général, et chinois en particulier, ne serait que bénéfices, à la fois sur le plan économique et diplomatique.
Donc un bloc Etats-Unis / Europe plus fort... concrètement, par quoi est-ce que cela passe ?
Par une entente plus importante en termes de normes et de règlementation. L'exercice est bigrement difficile. C'est ce que l'on appelle la protection "derrière la frontière". Il n'est plus question de fiscalité ou de taxes douanières mais de règlementation. Sujet ultra-sensible car chacun a ses thèmes qui fâchent.
Sur les OGM et le veau aux hormones, on sait qu'un accord bilatéral ne permettra pas de gagner plus que ce qui a été obtenu devant l'OMC. On va donc se concentrer sur la manière dont on peut certifier en Europe des produits ou services répondant aux normes américaines. Et vice-versa : comment convaincre les américains de certifier leurs produits à nos conditions.
Mais l'Europe peut réellement y gagner ?
C'est peut-être le paradoxe de ces négociations et, sans le dire, c'est ce qu'attend réellement Bruxelles : les discussions poussées avec les américains vont faire apparaître la nécessité de nous mettre nous mêmes d'accord. Une réglementation commune - dans le secteur des services par exemple - va contraindre les pays européens d'aller plus loin dans l'harmonisation.
Un marché commun des services sera beaucoup plus efficace et sécurisant que 27 ou 28 marchés intérieurs différents, qui créent aujourd'hui les distorsions sociales et qui usent l'opinion publique en provoquant les ravages que l'on sait dans le monde du travail.
Les exemples peuvent être multipliés dans des tas de secteurs. Il y va de l'emploi et de la compétitivité.
Donc, oui, nous sommes bien loin de nos préoccupations nationales du moment mais au bout du compte, les deux se rejoignent. C'est un plan de croissance qui ne dit pas son nom. Celui-ci demande moins de budget, juste un peu de volonté et de pédagogie.
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