Airbnb : les secrets de la licorne
Airbnb fait partie de ce qu’on appelle les "licornes", ces jeunes pousses qui pèsent plus d’un milliard de dollars, sans passer par la case bourse. Airbnb, c’est le service par Internet qui permet de louer votre appartement, quand vous partez en vacances, par exemple. La plateforme vous met en relation avec un locataire à qui elle prend une commission comprise entre 6 et 12% du prix de la transaction (pour le propriétaire, la commission est d’environ 3%).
Quelle est l’ampleur de l’opération que cette entreprise s’apprête à annoncer ?
Airbnb lève auprès de fonds d’investissements américains et un fonds chinois 1,5 milliard de dollars. C’est une coquette somme pour une entreprise née en 2008, qui emploie aujourd’hui 2.000 personnes dans le monde avec des bureaux un peu partout dont un à Paris, et qui ne possède pas de patrimoine. Aucun des logements qu’elle propose à la location ne lui appartient. Elle ne vend que du service, de la relation humaine, du conseil et un suivi personnalisé. Mais le plus important, c’est la valorisation atteinte par la société : 25,5 milliards de dollars… c’est deux fois plus que le groupe Accor (dont on connaît les marques Sofitel, Pullman, Novotel, Ibis, Formule1 etc...) c’est aussi pratiquement autant que le premier groupe hôtelier mondial Hilton.
Pourquoi cet intérêt de la part des investisseurs ?
Disons tout de suite qu’il y a un paradoxe. Airbnb devrait générer cette année 900 millions de dollars de revenus (3 fois plus qu’en 2013). Malgré tout, l’entreprise n’est toujours pas rentable avec environ 150 millions de pertes. Mais elle remonte progressivement la pente et, surtout, elle représente ces jeunes entreprises dynamiques bâties sur un modèle qui rencontre de plus en plus de succès : l’économie collaborative, participative. Un modèle qui bouleverse les vieilles entreprises capitalistes traditionnelles. ACCOR a été contraint de réagir en remodelant sa marque.
C'est très schumpétérien finalement : c’est la destruction créatrice théorisée par l’économiste autrichien (Joseph Schumpeter) au milieu du XXème siècle, un nouveau modèle remplace un ancien et pousse à innover. Les américains aiment ce dynamisme. En Europe en général, et en France en particulier, on a encore beaucoup de mal avec cette prise de risque… pas sûr que, si Airbnb était installée en France, elle trouverait aussi vite de l’argent pour se développer.
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