Banques européennes, menaces sur le crédit
D’abord, citons la plus vive réaction (la plus vacharde) qui, paradoxalement, ne vient pas du camp des « banquiers » mais d’un politique aguerri, et pas des moindres (en tous les cas, pas celui dont on attend qu'il monte en première ligne pour défendre les banques) : je veux parler de Jacques DELORS. L'ancien ministre socialiste des Finances et Président de la Commission européenne était hier invité de l’émission « Questions d’info » sur France Info et la Chaîne Parlementaire Assemblée nationale (avec le Monde et l'AFP)... il n’a pas hésité à traiter la nouvelle directrice du FMI de, je cite : « perroquet savant qui n’a plus son professeur » (le Professeur en question c’est Xavier MUSCA, le secrétaire général de l’Elysée).
En d’autres termes, partie à Washington pour diriger le FMI, Christine LAGARDE aurait perdu son âme ?
Perdre son âme, je ne sais pas, cela relève de sa conscience personnelle. Ce qui est vrai, c’est que Christine LAGARDE fait son travail, « elle fait le job ». Elle n’est plus ministre français de l’économie mais Directeur général de la plus importante autorité économique et financière internationale. Elle voit donc désormais les problèmes à travers le prisme planétaire et non plus spécifiquement français ! Et cela dérange, évidemment chez nous.
A tord ou à raison ?
Si l'on écoute les banques françaises : Christine LAGARDE a tout faut. On a vu ces derniers jours la mobilisation jusqu'au Gouverneur de la Banque de France Christian NOYER pour expliquer que la Société Générale, BNP-PARIBAS et CREDIT AGRICOLE avaient de quoi supporter leurs engagements sur la Grèce. Maintenant, si l'on écoute les experts : nombre d'entre eux estime qu'il y a effectivement un réel problème... mais pas forcément et uniquement français. Après la crise de 2008, les banques européennes n'ont pas été toutes recapitalisées convenablement. Un seul exemple : en Italie des établissements comme UniCrédit ou Banco Popolare détiennent 1 milliard d'euros de dette souveraine grecque mais... 150 milliards de dette italienne. Ce n'est plus un simple bâton de dynamite, c'est un baril de la nitroglycérine.
Christine LAGARDE a donc raison de lancer ses différents appels...
Le problème réside dans la communication. En mettant toute les banques dans le même panier, la patronne du FMI n'a pas fait la part entre les bonnes et les mauvaises... d'où l'ire des principaux concernés. Il a fallu un rétropédale deux jours après pour clarifier le propos mais le coup était parti. Sans compter avec l'effet que tout cela à dans l'opinion publique qui n'y comprend plus rien. Je laisserai le dernier mot aux experts de Bruxelles qui viennent de rédiger une note pour leurs ministres des finances qui se réunissent demain en Pologne et que l'agence Reuters s'est procuré : ils parlent d'une contagion systémique de la crise aux établissements financiers... une propagation qui aurait pour conséquence d'entraîner un cercle vicieux entre les dettes souveraines, le financement des banques, celui des entreprises et, du coup, une croissance négative. Et cela, que son âme soit française, européenne ou américaine, Christine LAGARDE ne peut l'accepter.
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