Bientôt une taxe sur nos dépôts en banque ?
Cette idée, on la doit à la Deutsche Skatbank, une petite structure mutualiste située dans le Land de Thuringe et qui s’inspire directement de la politique menée par la Banque Centrale Européenne.
Depuis le mois de juin en effet, la BCE pratique des taux d’intérêts négatifs sur les dépôts que lui laissent les grands établissements de la zone euro. Ces derniers, qui ont beaucoup de liquidités, replacent leur argent auprès de la banque centrale pour le faire travailler. Mais pour les en dissuader et réorienter ces sommes vers le crédit et permettre de financer l’économie réelle, la BCE leur fait payer les dépôts au lieu de les rémunérer.
L’idée est de faire la même chose avec les particuliers ?
C'est ce que fait la Deutsche Skatbank depuis le 1er novembre. Elle applique à ses clients un taux d’intérêt négatif de 0.25% sur tous les dépôts supérieurs à 500.000 euros. Elle leur demande en quelque sorte un loyer pour garder leurs économies. Cela concerne évidemment peu de ménages, mais la brèche est ouverte et pourrait faire des petits outre-Rhin.
Serait-ce possible en France ?
Les grandes banques commerciales s’en défendent, évidemment. De la Société Générale au Crédit Agricole, on vous dit que cela n’est pas prêt d’arriver chez nous.
Economiquement, cela n’aurait d'ailleurs aucun sens pour les banques elles-mêmes. Les nouvelles règles de sécurisation dites de ‘’Bâle III’’ imposent aux établissements financiers d’avoir des caisses solides avec de confortables fonds propres pour pallier toute éventuelle nouvelle crise. Taxer ainsi les dépôts ferait fuir les capitaux au lieu de les attirer.
On notera que cela intervient dans un contexte général de baisse de la rémunération de l’épargne. C’est le cas notamment avec le Livret A. Faut-il y voir une relation ?
Sans aucun doute. C'est un des effets directs de la crise : une pression à la baisse sur le rendement de l'épargne.
Les Français ont de côté aujourd'hui un peu plus de 10.000 milliards d'euros, environ 16% de leurs revenus.
De l'argent qui serait peut-être plus utile ailleurs, en étant ‘’mieux utilisé’’, semblent estimer certains en hauts lieux.
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