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Budget 2008 : Symphonie du nouveau monde ou Requiem ?

Avant la présentation officielle du Budget 2008, demain en Conseil des ministres, François Fillon a donné le sentiment ces derniers jours de vouloir dramatiser la présentation de l’état financier de la France. Sans reprendre le mot de « faillite » utilisé avant le week-end, il a estimé que la situation n’est « plus supportable ». Pour le PS, le Premier ministre prépare les esprits à la rigueur. Dans la majorité, le terme n’est plus tabou. Alors tout cela annonce-t-il un tournant dans la politique du gouvernement ?
Article rédigé par franceinfo
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L’emploi du mot rigueur est évidemment connoté. Outre le plan d’austérité de Raymond Barre en 76, deux précédents ont marqué les esprits : en 83, avec le tandem Mitterrand/Mauroy, comme en 95, avec Chirac/Juppé, la rigueur était le terme choisi pour justifier le renoncement aux promesses de campagnes et les hausses d’impôts. Pour l’exécutif, c’est la porte d’entrée dans l’impopularité. Nous sommes tout de même en 2007 dans un contexte totalement différent : ce qui est annoncé s’agissant de la sécurité sociale comme du Budget n’est rien d’autre que l’application du programme de Nicolas Sarkozy. Les franchises médicales, la baisse du nombre de fonctionnaires : ça n’est pas une surprise. Le non remplacement de fonctionnaires partant en retraite va même moins loin que prévu initialement. Pas de tournant donc, mais quand même une inflexion avec les premières augmentations d’impôts de l’ère Sarkozy : sur les dividendes, les préretraites, d’ici quelques semaines peut être sur les stock-options. Elles sont ciblées et limitées mais elles soulignent quand même que la période des cadeaux – le paquet fiscal de l’été dernier – est bien terminée.

Mais est-ce que ce débat sur la rigueur ne traduit pas un différend entre François Fillon et Nicolas Sarkozy ?

Il est clair que la tonalité n’est pas la même. Pour l’Elysée, l’important ce sont les réformes les dépenses d’aujourd’hui font la croissance de demain. Matignon met au contraire en avant l’état des finances publiques dans un contexte plus incertain qu’il y a quelques mois. En parlant de faillite, le Premier ministre a choisi la pédagogie de la peur. Comme s’il cherchait à prendre date. Le risque, c’est qu’un tel langage risque d’atteindre le moral des Français et donc la consommation, qui est nécessaire pour tirer la croissance. Quand Nicolas Sarkozy dirige la symphonie du nouveau monde, François Fillon interprète le Requiem de Mozart. Il faudra qu’ils s’accordent.

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