Chine : contrats spectaculaires mais commerce modeste
Avec cette visite, Nicolas Sarkozy fait mieux que Jacques Chirac en 2006. Pour son dernier voyage en Asie, l’ancien Président avait rapporté un peu plus de 9 milliards de contrats, avec surtout une commande de 150 Airbus A 320. Fin août, la chancelière allemande n’est revenue elle qu’avec quelque 150 millions de commande. Il faut dire qu’elle avait placé son séjour à Pékin directement sur le terrain des droits de l’homme, quand l’actuel locataire de l’Elysée a abordé la question avec retenue. Pour qu’un voyage soit considéré comme politiquement réussi, il est toujours bon de faire du chiffre et on aurait tort de ne pas se réjouir du coup d’accélérateur qui vient d’être donné à la percée de nos industries en Chine. Mais ça ne doit pas faire oublier que nos relations commerciales avec l’Empire du Milieu sont bien moins flamboyantes. Ces effets d’annonce concernent des grands groupes. Les contrats signés aujourd’hui vont s’étaler sur plusieurs années et on ne sait pas encore quelles conditions de crédit sont proposées pour les arracher. Ensuite, il ne faut pas oublier la France ne fournit que 1,5% du marché chinois, loin derrière l’Allemagne, beaucoup plus performantes grâce à son tissu de moyennes industries qui exportent leurs machines-outils. Pendant ce temps, la Chine inonde notre marché intérieur de DVD, chaussures, textiles et jouets comme ailleurs en Europe et dans le monde : elle exporte trois fois plus vers la France qu’elle n’importe. En 2007, notre déficit commercial face à la Chine va dépasser les 20 milliards d’euros.
Justement, Nicolas Sarkozy a déploré hier la faiblesse de la monnaie chinoise, le Yuan, qui contribue à ce déséquilibre commercial. Est-ce ce que ça peut changer les choses ?
Pour l’instant, Pékin reste sur ce point assez imperméable aux pressions internationales, préférant ne pas heurter ses entreprises exportatrices. En revanche, un élément tout-à-fait nouveau vient d’intervenir au cours de cette visite de Nicolas Sarkozy : la vente de deux réacteurs nucléaires EPR par Areva va être facturée en euros. Ca protège le groupe français contre une baisse du billet vert. C’est une grande première car les chinois règlent habituellement leurs fournisseurs étrangers en dollars. Au moment où Louis Gallois, le patron d’EADS, tire la sonnette d’alarme pour son entreprise, très fortement pénalisée par la vente de ses avions en dollars, c’est un changement notable. Il signifie que l’euro parvient peu à peu à s’imposer comme monnaie de référence internationale, comme si la suprématie historique du dollar commençait à être ébranlée.
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