Entre fête du "vrai travail" et véritable politique de l'emploi
La question pèsera évidemment à l’heure où le taux de chômage en France dépasse les 10% de la population active et touche environ 22% des moins de 25 ans. Les problèmes structurels du marché de l’emploi ne datent pas d’hier... les Contrats à Durée Déterminée et l’intérim ont explosé ces dernières années. Le phénomène remonte aux débuts de la crise de 2008 et, sans jeter de l’huile sur le feu dans le débat du jour, c'est vrai qu’il serait plus utile de s’atteler à la construction d’une vraie réforme plutôt qu’à l'organisation d'une journée festive.
Justement, que proposent en la matière les deux finalistes de cette présidentielle ?
Et bien François Hollande et Nicolas Sarkozy ne se différencient pas énormément. On peut même dire que les programmes en faveur de l’emploi étaient plus ambitieux dans la campagne pour l’élection de 2007 autour du concept de « flexisécurité ». Depuis cinq ans, ce système qui vise à fluidifier le marché du travail en facilitant licenciements et embauches de manière encadré est resté dans les limbes… aujourd’hui, il est plus question de la maîtrise des coûts et des emplois aidés. (Maîtrise des coûts du travail avec la baisse des charges sur les bas salaires pour Nicolas Sarkozy), et puis « contrats aidés » pour François Hollande qui entend ainsi créer 150.000 "emplois d’avenir". En réalité, ce type de postes existe déjà (on les appelle les « contrats d’accompagnement dans l’emploi »). Sur les six premiers mois de l’année, le ministère du Travail a reçu pour mission d’en créer 225.000 dans le secteur public. Donc : pas de véritables points de clivages entre les candidats Hollande et Sarkozy… si ce n’est un certain flou entretenu par le Président sortant autour d’un nécessaire équilibre entre « les droits et les devoirs » face au travail ; et la sécurisation des parcours professionnels pour le candidat socialiste. Bref : rien de bien nouveau sous le soleil.
A quoi pourrait ressembler une vraie réforme de l’emploi en France ?
Face à toutes ces solutions « que l’on a déjà essayées » (comme disait François Mitterrand), les seules mesures viables aujourd’hui semblent être d’ordre libéral, donc moins consensuelles et parfois plus douloureuses, et dont l’application requiert un vrai courage politique. Entre les deux tours, on est donc hors sujet. Mais avant de promettre sang et larmes, on pourrait commencer par alléger certaines structures administratives trop rigides, revoir le fonctionnement des systèmes de formation des chômeurs mais aussi des salariés qui bénéficient malheureusement encore trop souvent aux grandes entreprises et pas assez aux petites structures qui participent pourtant très largement au financement de la formation. En proposant ce qu’il appelle une fête du « vrai travail », Nicolas Sarkozy veut faire du 1er mai non plus une journée uniquement consacrée à la défense des acquis sociaux mais un moment destiné à promouvoir le mérite et l’initiative. De l’initiative et du courage, le prochain Président de la République (quel qu'il soit) devra lui aussi en faire preuve… une fois passé les festivités des 1er et 6 mai, le retour des plans sociaux mis en sommeil pendant la campagne risque de provoquer un réveil difficile.
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