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L'Italie post Berlusconi : tout reste à faire

Quel avenir pour l’Italie dans la zone euro ? Le nouveau Président du Conseil italien, Mario MONTI, a prêté serment hier. Il a nommé son équipe gouvernementale, mais tout reste à faire.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Mario MONTI - qui prend également le ministère de l'Economie - a mis toutes les chances de son côté, à commencer par son équipe gouvernementale. Un cabinet resserré à 16 ministres dont 12 avec un portefeuille, c’est à dire dotés d’un vrai budget. Composition : technocrates. N’en citons que trois : le Président de l’autorité de la Concurrence, Antonio CATRICALA, devient Secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil (bras droit direct de Mario MONTI)… à lui de faire avancer la libéralisation pour insuffler plus de concurrence dans l’économie ; Corrado PASSERA, patron de la puissante banque INTESA SAN PAOLO devient Ministre de la Croissance… un super ministère qui regroupe le Développement économique, les Infrastructures et les Transports… Monsieur PASSERA connaît très bien les marchés qui mettent en ce moment la pression sur l’Italie ; et puis une femme (il y en a trois dans le nouveau gouvernement) : Elsa FORNERO pour s’occuper des retraites. On la présente comme une femme à poigne… et il en faudra car le dossier est l’un des plus sensibles à réformer.

Quels sont les enjeux pour l’Italie post Berlusconi ?

D'abord convaincre à l'interne. Pour l’heure, rien ne dit que cette équipe de techniciens aguerrie obtiendra le soutien populaire. Le plan de rigueur sera drastique… Mario MONTI a déjà averti les Italiens des sacrifices qui se profilent : il faudra trouver encore bien plus que les 60 milliards d’euros déjà actés pour retrouver l’équilibre en 2013. Mais il n’a pas le choix car, c'est l'aspect extérieur : les opérateurs financiers attendent au coin du bois.

Vous voulez dire que cette équipe de techniciens ne suffira pas à redresser la barre ?

Aujourd'hui, le problème de l’Italie repose moins sur la soutenabilité de sa dette que sur ce que certains économistes appellent la « barrière psychologique des marchés ». L’Italie n’est ni la Grèce, ni l’Espagne, ni le Portugal… le pays dispose de l’excédent primaire le plus élevé d’Europe, (l'excédent primaire, c'est le solde entre les recettes et les dépenses budgétaires, hors charge de la dette). Et il est positif. Aussi paradoxal que cela puisse paraître : Rome a su maîtriser ses déficits. Par contre, si cet excédent baisse, là, les marchés lâcheront littéralement l’Italie et aucune institution (Fonds de Stabilité, Fonds Monétaire ou BCE) n’aura les moyens financiers suffisants pour intervenir… c’est alors l’ensemble de la zone euro qui serait, pour de bon, au bord de l'explosion.

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