Mariage Bouygues Télécom - Orange : encore de la friture sur la ligne
Le 31 mars est la date butoir fixée par Bouygues. Les plus hauts cadres dirigeants des deux groupes se sont enfermés depuis ce week-end dans les bureaux d’un avocat d’affaires parisien pour n’en sortir que mardi matin. On est dans la négociation de haut vol.
Quel que soit le résultat, il marquera un épisode crucial du long feuilleton de l’histoire des télécoms mobiles et de l’internet en France. Les grandes manœuvres autour des technologies (la fibre, la 5G, le THD, la réduction de la fracture numérique, etc…), et puis grandes manœuvres autour du nombre d’opérateurs qui demeureront à terme.
Rien n’est joué
Parmi les gros points encore en discussion : la valorisation globale du nouvel ensemble – ce qui n’est pas rien –, et la part que le groupe Bouygues détiendrait dans Orange en échange de l’apport de sa filiale télécoms.
Bouygues, dont le métier de base – rappelons-le – est le bâtiment, garderait une main chez l’ancien France Telecom en tant qu’actionnaire de référence aux côtés de l’Etat actionnaire public (23% pour l’instant).
Combien Bouygues conservera au final ? Bercy aurait accepté que le groupe prenne 12% du nouvel ensemble. Et puis quel prix pour l’action Orange ? Cette question ne serait pas encore tranchée non plus.
Un tel mariage ne se règle pas à la légère
Les deux prétendants sont plutôt du genre vieux célibataires endurcis que jeunes tourtereaux fougueux. On imagine donc la difficile constitution de la corbeille de mariage. Entre la publication des bans, les fiançailles et la cérémonie, chacun peut reprendre ses cliques et ses claques à tout moment.
Martin Bouygues est d’autant plus précautionneux que l’aventure du groupe dans la téléphonie est son propre bébé. Il a déjà refusé une offre alléchante de Numericable-SFR (Patrick Drahi lui offrait quelque 10 milliards d’euros). Offre refusée au prétexte qu’une casse sociale se préparait… ce que veut absolument éviter Martin Bouygues. L’emploi est primordial, déjà secoué depuis l’arrivée de Free et de ses forfaits à prix cassés. Les effets collatéraux sur le plan social se sont ressentis chez les concurrents.
Céder des actifs pour obtenir le feu vert de l’autorité de la concurrence
SFR pourrait reprendre une partie de la clientèle mobile, fixe et internet de Bouygues Télécom. L’homme d’affaires Patrick Drahi serait prêt à mettre quatre milliards d’euros sur la table. De son côté, FREE mettrait la main en partie sur le réseau, les boutiques Bouygues Telecom et ses fréquences. Le mariage est encore loin d’être acté, encore moins d’être consommé.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.