Plan investissement : une bourse pour les petites entreprises innovantes
Matignon tente, tant bien que mal, de reprendre la main à l'heure de la multiplication des plans sociaux, et au moment où la Bretagne très médiatisée montre les faiblesses d'une industrie à bout de souffle faute d'avoir su se moderniser à temps.
Un an après le Pacte de compétitivité, le plan investissement évoqué hier par Jean-Marc AYRAULT lors d'un déplacement à Saint-Etienne se veut ambitieux : changer l'état d'esprit de la société face au monde de l'entreprise, développer les passerelles entre laboratoires publics et privés, donner plus d'espace au "financeurs" de l'innovation et faire évoluer les modes d'action de l'Etat.
Concrètement, qu'est-ce que cela donne ? *
Je passe sur la création d'une "Commission d'évaluation des politiques d'innovation au sein du Commissariat général à la stratégie et à la prospective".
Concrètement : la ministre des PME et de l'économie numérique Fleur Pellerin annonce une quarantaine de mesures avec pour cible prioritaire les start-up, petites entreprises innovantes, qui pourront trouver des financements auprès d'une bourse - un micro marché financier en quelque sorte - spécifiquement dédiée.
C'est cela la vraie innovation : une bourse dotée d'une dizaine de millions d'euros par an. C'est à la fois peu et beaucoup, de part le signal qui est envoyé.
Où va-t-on chercher l'argent ? *
Il y a bien les fonds dont Matignon avait parlé cet été, notamment le milliard d'euros déployé dans le cadre du programme d'investissements d'avenir. Mais, difficile conjoncture faisant et caisses de l'Etat exsangues, on va se tourner vers ce que l'on appelle les "capitaux-risqueurs", investisseurs qui consacrent leur argent à aider les entreprises à se développer. Manière de compléter le Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi qui tarde à démarrer et à convaincre les chefs d'entreprise.
Rappelons quelques chiffres : les PME, c'est aujourd'hui 65% de l'emploi créé en France. Près de 60% de la valeur ajoutée de notre économie. Sans PME, pas ou moins d'emplois. Or, les start-up (les jeunes pousses comme on les appelle aussi) sont très exposées au risque et leur financement ne peut se faire par le système bancaire. Il se fait essentiellement sur fonds propres. Cet argent, c'est celui des personnes dont je parlais, qui aiment le risque et qui ont les moyens de l'assumer. C'est, en creux, le signal que Fleur Pellerin veut envoyer aujourd'hui.
Donc, tout est bien dans le meilleur des mondes, en quelque sorte
Non bien sûr. D'abord il faut que tout cela soit suivi d'effets. Et puis il y a toujours la fiscalité pesante. L'administration doit lever le pied pour alléger les contraintes réglementaires souvent absurdes et jusqu'au-boutistes.
Enfin, tout cela n'est pas que l'affaire de gros sous. Il y a aussi l'importance du dialogue entre partenaires sociaux. Comme le souligne le Commissaire général à l'investissement, Louis Gallois, dans un entretien aux Echos : l'industrie a touché le fond de la piscine. Nous allons remonter progressivement. Dans ce cadre, les PME joueront un rôle essentiel, encore faut-il les aider. Fleur Pellerin est très attendue.
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