Pouvoir d’achat : la grande impatience
Ca dépend comment on compte. Entre le gouvernement et les syndicats, c’est depuis des mois le dialogue de sourd, parce qu’ils n’utilisent pas la même calculette. Côté ministère de la Fonction publique, on regarde l’évolution générale des salaires, avec les avancements automatiques dans les carrières, l’ancienneté, plus les coups de pouce pour certaines catégories, comme les policiers. Mais tous n’en profitent pas de la même façon. Les fonctionnaires, eux, ne veulent donc retenir que l’augmentation de ce qu’on appelle le point d’indice, c'est-à-dire de l’unité de base qui sert à calculer le salaire de chacun, et ça reste bloqué pour 2007 après avoir évolué comme l’inflation pour 2006. Si l’on regarde les choses sur le long terme pour sortir de cette querelle, l’INSEE montre que depuis 5 ans le pouvoir d’achat des fonctionnaires a plutôt diminué. Les salaires ont progressé plus lentement que ceux du privé. Dans la période de hausse des prix qui s’installe, les fonctionnaires sont donc aux premières loges pour ressentir la vie chère qui est devenue la préoccupation n°1 de l’ensemble des Français. Ca explique pourquoi leur mouvement d’aujourd’hui bénéficie du soutien de l’opinion, contrairement à ce qui se passe avec les régimes spéciaux.
Quelles réponses peut apporter le gouvernement à ces revendications sur le pouvoir d’achat?
Pendant toute sa campagne, Nicolas Sarkozy a promis qu’il serait le président du pouvoir d’achat. Ca provoque évidemment une impatience, renforcée par la hausse de l’essence et de l’alimentation. Or le dispositif des heures supplémentaires détaxées ne produit pas pour l’instant l’effet attendu. Les chambres de commerce viennent même de le qualifier d’inefficace. Le chef de l’Etat devrait faire des annonces d’ici la fin de la semaine. On évoque un 13ème mois sans charge ou des mesures pour permettre de débloquer l’épargne des Français dans les entreprises, mais ça ne concerne pas tout le monde.
L’économiste Robert Rochefort, qui vient de rendre un rapport sur le pouvoir d’achat, propose par exemple de donner la possibilité aux salariés de convertir jusqu’à 5 jours de RTT ou de congé en euros sonnants et trébuchants. Ca aurait l’avantage de ne rien coûter en plus aux entreprises. L’Etat, lui, n’a plus les moyens d’augmenter tous ses fonctionnaires ou de faire des cadeaux fiscaux aux contribuables. Difficile dans ces conditions de créer un choc de pouvoir d’achat.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.