Quel avenir pour la filière nucléaire française ?
Plus rien ne sera comme avant la catastrophe qui a touché le Japon au mois de mars, tant sur le plan technologique qu’économique. Pour preuve, les « valeurs », les titres des fleurons de l’industrie nucléaire française à la bourse de Paris très chahutés. L’action EDF a perdu près de 40% depuis le début de l’année, idem pour AREVA et SUEZ qui ont chacun perdu environ 30% . Que se passe-t-il au pays de l’atome qui permet aux Français de payer leur électricité 40% moins cher que partout ailleurs en Europe ? La défiance d’une énergie présentée comme dangereuse et polluante. Sans compter avec les retards qui plombent le prix et les délais de réalisation du réacteur nouvelle génération (le fameux EPR).
Le débat fait rage entre pro et anti-nucléaires… et c’est toute une filière qui est prise entre deux feux !
Le vrai débat tourne autour de l’avenir énergétique de la France et de son industrie. Comment assurer la transition vers d’autres énergies, dans quels délais et à quel coût, comme l'a très bien fait la Grande-Bretagne en optant pour ce que l'on appelle le "mix énergétique" ? On s’aperçoit très vite que la réponse économique l’emporte sur le débat idéologique. Il ne s’agit pas de stigmatiser telle ou telle revendication de parti politique quel qu’il soit . La France compte aujourd’hui 58 réacteurs nucléaires. Si l’on projette de réduire ce parc de moitié et de le ramener à 24 réacteurs à l’horizon 2025, il faudrait fermer 1 réacteur tous les six ou sept mois (à titre d’exemple : mettre hors jeu celui de Fessenheim pèserait 270 millions d’euros dans les comptes d’exploitation d’EDF). Multiplions ce chiffre par 24 et regardons l’effet dévastateur d’une telle mesure, notamment sur le plan social dans l’entreprise.
Et sur l’aspect environnemental ?
Abandonner le nucléaire, c'est automatiquement se reporter sur les énergies dites alternatives : éolien, photovoltaïque, mais aussi, le temps d’assurer la transition : retour au gaz que la France importe, donc plus de CO2 rejeté dans l’atmosphère. A l’horizon 2025, on estime à 125 milliards d’euros le surcoût lié à la production de l’éolien et du photovoltaïque, énergies plus chères à la production, en raison du coût des investissements. La transition est jouable, de nouveaux opérateurs sont prêts à se lancer dans l'aventure, mais cela demandera du temps.
C'est déjà l’un des thèmes majeurs de la campagne pour l'élection présidentielle de 2012
Tant mieux car cela fera avancer le débat. La Cour des comptes est en train de plancher sur le sujet car la France entend maintenir sa politique nucléaire, mais pas à n’importe quel prix. Le groupe de travail devra rendre ses conclusions en janvier. Pas facile de lever les doutes et d’explorer l’opacité des coûts de la filière nucléaire . C’est un travail utile auquel s’est attelée la haute juridiction financière présidée par le socialiste Didier MIGAUD à la demande de l’Elysée.
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