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Réforme des retraites, objectif 2035

Patronat et syndicats ont trouvé un accord pour renflouer les caisses de l'AGIRC, le régime complémentaire de retraite des cadres, et l'ARRCO pour l'ensemble des retraités du privé. La CFE-CGC n'entend pas signer le texte, ce qui ne le rend pas caduque pour autant.
Article rédigé par franceinfo
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Les grandes centrales syndicales ont plusieurs jours pour approuver le protocole d'accord intervenu mercredi. A part la CGT qui campera sur son refus, les autres devraient normalement rentrer dans le rang. Les partenaires se sont mis d'accord sur une augmentation des cotisations à la fois pour les entreprises et les salariés. Les pensions complémentaires seront revalorisées le 1er avril prochain mais moins que l'inflation. Le seul intérêt de cette réforme est de donner un peu d'oxygène au régime complémentaire dont le déficit devrait être ramené de 8 milliards et demi d'euros aujourd'hui à 5 milliards et demi en 2017.

Vous ne voyez pas d'autre avancée significative ?

Je dirais même que l'on a plutôt l'impression de marcher sur la tête. Que disaient les travaux ayant conduit à la rédaction du rapport Gallois sur la compétitivité ? Que l'on taxait trop la masse salariale. Que fait-on pour les retraites complémentaires ? On augmente les cotisations !  Après Gallois, on crée le dispositif assez compliqué du Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi – soit disant pour alléger les charges des entreprises – mais dès qu'une difficulté apparaît, on ré-augmentent les taux de cotisation sur la même assiette. Cet accord est d'une ambition très limitée avec toutes les conséquences négatives sur le pouvoir d'achat des 11 millions et demi de personnes concernées.

D'autant qu'il préfigure une autre réforme : celle de l'ensemble des retraites.

Le gouvernement a dit clairement qu'il s'inspirerait de l'accord des complémentaires pour réformer le régime général. Mais ce ne sera pas suffisant. Selon les spécialistes, une vraie réforme mériterait d'être engagée dès aujourd'hui sur le long terme avec une date précise : 2035. Pourquoi 2035 ? Parce que c'est l'année d'inversement prévu du flux des baby-boomers. Moins d'entrées à la retraite conjugué à la hausse des décès... l'effet baby boomer s'inversera et soulagera les comptes. Donc des mesures pour tenir jusqu'en 2035 : inscrire dans une loi les principaux paramètres comme la durée de cotisation pour arriver au taux plein, les bornes d'âges, un système par capitalisation, choix volontaire de l'âge de départ et le dispositif pour piloter l'ensemble, sans oublier d'ajuster le régime des fonctionnaires sur celui du privé. La Cour des comptes n'y serait pas défavorable.

Si c'était aussi simple et efficace que vous le dites, pourquoi n'applique-t-on pas cette réforme immédiatement ?

Parce que cette idée entraîne des réticences importantes chez les syndicats et que les politiques, on va dire par prudence, préfèrent assurer le court terme et éviter le clash autour d'une véritable solution de long terme non fédératrice. Une Commission présidée par l'ancienne Président du Conseil d'Orientation des Retraites Yannick Moreau a été chargée par le gouvernement de proposer des pistes. Petite, moyenne ou grande... quelle sera l'ampleur des propositions ? Réponse avant les vacances d'été.

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