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Remaniement à Bercy : la valse des directeurs

Direction les coulisses feutrées du ministère des Finances. Pour mener à bien la vaste réforme fiscale souhaitée et annoncée par l'exécutif, le paquebot amarré aux quais de Seine s'apprête à connaître une valse des capitaines.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
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Pour mieux réformer la fiscalité, commençons par réformer Bercy ! Ainsi va la vie au sommet de l'Etat... A défaut de remanier le gouvernement, on remanie la haute fonction publique. Des réformes, si l'on en croît l'exécutif, il va y en avoir d'ici la fin du quinquennat. La fiscalité qui va être remise à plat, et, surtout, œuvre majeure : la loi de programmation des finances publiques qui doit donner le cadre budgétaire 2015-2017. Les travaux ont commencé la semaine dernière.

Qui sont les hommes appelés à bouger ?

Si l'on en croît le Canard enchaîné et Le Monde, sont sur le départ : le directeur du Budget et celui du Trésor. Au Budget, il se murmure que Julien Dubertret laisserait sa place à Denis Morin (actuel directeur de cabinet) de la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine. Quant au directeur du Trésor, Ramon Fernandez, il serait remplacé par François Villeroy de Galhau, aujourd'hui directeur général délégué de BNP PARIBAS. Pour Monsieur de Galhau, il s'agirait d'un retour aux sources puisqu'avant de rejoindre la banque privée en 2003, il fut directeur de cabinet d'un certain Dominique Strauss-Kahn à l'époque ministre des Finances. Interrogé mercredi  soir, le principal intéressé balayait la rumeur d'un revers de main.
Pour les deux sortants (Julien DUBERTRET et Ramon FERNANDEZ) c'est la fin d'une aventure de 18 mois. Les deux derniers hauts fonctionnaires nommés par Nicolas SARKOZY et restés en place depuis le changement de majorité car appréciés par les ministres de l'Economie Pierre MOSCOVICI et du Budget Bernard CAZENEUVE. Des postes à la fois techniques et stratégiques.

Certains disent que c'est le retour des "techno" à Bercy...

Bercy a toujours été le règne de la technocratie. Aux Finances comme pour les autres portefeuilles, sauf à avoir un charisme et un poids politique hors normes, aucun ministre ne s'appartient... il appartient à son administration et donc à ses fonctionnaires. Avoir les nerfs solides s'impose pour résister à l'implacable machine.
Il est légitime qu'une nouvelle équipe qui accède au pouvoir arrive avec ses troupes (le principe est fréquent dans les entreprises privées où un nouveau DG arrive généralement avec ses hommes et femmes de confiance). Mais en ce qui concerne les affaires d'un pays, les alternances politiques étant très de courte durée, on peut peut-être regretter que l'Etat ne sache pas jouer la continuité avec des personnes, hauts fonctionnaires, compétentes loyales et de valeur. Quant à la cohorte des jeunes trentenaires, énarques et polytechniciens aux salaires très confortables, qui déboulent chaque année dans les sept cabinets qui composent Bercy... ils tiennent généralement la dragée haute à leurs ministres sans disposer pour autant d'expérience en entreprise ou de terrain.
On en voit les limites aujourd'hui avec des textes parfois mal ficelés, juridiquement bancals, sujets à caution devant le Parlement.

Une révolution de Palais se prépare ?

Non, mais la roue tourne. Encore une fois, cette réforme fiscale que François Hollande veut désormais mener sur l'ensemble du quinquennat doit absolument être pilotée de très près. A défaut de changement maintenant, c'est à un changement par paliers, dans la durée, auquel nous allons assister. Le cœur de la machine fiscale en France est devenu en l'espace de quelques semaines le symbole des réformes nécessaires mais laborieuses.

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