Sans AAA, la France emprunte à des taux d'intérêt au plus bas depuis la crise grecque
Cela permet de rembourser notre dette à moindre frais mais il faut raison garder car le vent peut tourner. Ce sont à chaque fois des sommes de l'ordre de 6, 7, 8 milliards d'euros qui sont ainsi empruntées sur du court, moyen et long terme. Hier après-midi, le taux long à 10 ans est tombé sous 1,7%. Mieux : à échéance courte (trois à six mois), la France a réussi a emprunter à des taux négatifs (-0,002%). Les investisseurs qui cherchent des placements sûrs acceptent de ne pas gagner d'argent – voire d'en perdre un peu – pour prêter à des pays en qui ils ont confiance. Ils ont de telles sommes à placer qu'ils diversifient leurs placements pour ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier et s'orientent vers des dettes souveraines jugées ''saines''.
C'est donc la France qui insuffle cette politique de taux bas ?
Non, il y a d'autres facteurs, très internationaux.
1/ les banques centrales de certains pays industrialisés (notamment les Etats-Unis et le Japon) font tourner la planche à billet, permettant indirectement aux Etats de racheter leur dette pour ne plus dépendre des marchés. Cela entraîne une baisse de l'offre d'épargne pour les investisseurs qui cherchent des emprunts sans risque et qui se reportent automatiquement sur d'autres pays.
2/ nous vivons depuis 5-6 ans dans un monde de déflation. L'inflation très limitée pousse les taux à la baisse.
3/ les pays européens ne ménagent pas leurs efforts pour réduire leurs déficits et redresser les finances publiques tout en montrant qu'ils ont compris l'impasse dans laquelle menait une rigueur trop prononcée. Cette attitude pragmatique rassure les opérateurs.
Soit dit en passant, on mesure aujourd'hui à quel point l'influence des agences de natation est limitée. La France n'a plus son AAA depuis belle lurette ce qui ne l'empêche pas d'emprunter à des taux négatifs.
Si la situation se détend ainsi, on peut imaginer que certains demandent de lâcher un peu la bride sur les finances publiques
La tentation pourrait être grande de dépenser d'un côté ce que l'on a gagné de l'autre mais ce serait pure folie dans le contexte actuel. Il faut bien se dire que les marchés ne pensent pas, ils réagissent. Si un Etat envoie un signal de relâchement, les marchés cesseront d'être conciliants. Aujourd'hui, les Etats se doivent d'être plus fourmi que cigale : continuer les réformes tout en privilégiant la relance. Rigueur budgétaire et croissance ne sont pas contradictoires. C'est ce que dit Angela MERKEL, c'est vrai. Personne n'a le monopole des bonnes idées... tout dépend où l'on place le curseur.
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