Toyota, la méthode valenciennoise
L'usine du géant japonais qui emploie 4000 personnes à
Onnaing dans le Nord de la France a lancé avant-hier la production en série
d'une version de la Yaris destinée au marché américain. Avec celui de
l'allemand Daimler à Hambach en Lorraine où est produite la Smart, le site
automobile valenciennois est le seul en France à produire pour les Etats-Unis.
Faisant bande à part dans la crise que
connaît le secteur automobile européen, Toyota a vu sa production augmenter de
plus de 30% l'an dernier.
Qu'est-ce qui explique ce succès ?
A l'heure ou PSA et RENAULT négocient des accords de compétitivité,
les dirigeants de Toyota jouent l'optimisation de l'outil industriel. Depuis le
début de l'année, le groupe produit autant de voitures avec deux équipes qu'avec
trois. 800 véhicules sortent les chaines nordistes chaque jour. Si le groupe a
décidé de venir s'installer en Europe – en l'occurrence en France – c'est pour
contourner la hausse du yen et s'en protéger. Mais il a également réussi à
importer la méthode japonaise. L'organisation industrielle a été revue... les
Contrats à Durée Indéterminée n'ont pas été touchés et les emplois intérimaires
ont été réduits d'environ 500. Cadences modifiées, usine moderne, mono-produit
destiné à un marché bien précis. Voilà pour la face du décor qui permet aux
dirigeants de Toyota Valenciennes de dire qu'ils préservent l'emploi dans un
secteur et une conjoncture très tendus.
Qu'en est-il de l'envers de ce décor ?
Les cadences qui permettent de tels débouchés commerciaux,
Toyota les doit à ce que l'on appelle l' ''overtime''. C'est à dire les heures
supplémentaires prévues dans le contrat des ouvriers : amplitude de
journée décidée à la dernière minute, quelques samedis travaillés, accélération
des lignes de productions (de 90 secondes l'année dernière, la durée qui
sépare 2 véhicules sur la chaîne est passée cette année à 60 secondes... dès cet
été on devrait descendre à 58 secondes). 2 secondes gagnées et on arrive à une
soixantaine de véhicules produits à l'heure. Seulement voilà, ces techniques
dites de ''lean management'' (la stratégie des petits pas, ou Keizen en
japonais : c'est-à-dire optimiser tous les postes de productions pour
éviter les gaspillages, en temps et en matériels). Ces techniques sont très controversées,
mal vécues, et présentent des risques à la fois physiques et relationnels pour
les salariés. En 2001, Toyota est arrivé comme le sauveur, créateur d'emplois,
dans une zone très sinistrée. Il n'est pas dit que les méthodes acceptées hier
par les partenaires sociaux le soient encore aujourd'hui dans d'autres groupes
automobiles. Il serait étonnant que l'expérience fasse des émules chez PSA ou
chez Renault.
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