La photographe Laura Henno sur Mayotte, Eric Fottorino pour la soirée de soutien à Boualem Sansal, et l'occupation de la Gaîté Lyrique
Laura Henno, réalisatrice et photographe, travaille depuis des années à Mayotte où elle documente la vie des habitants du département. À travers son art, elle "essaye de mettre en lumière l’inégalité entre le département de Mayotte et le reste de l’Hexagone". À la suite du passage du cyclone Chido, la photographe partage sa sidération à la vue des dégâts, qui plonge la région dans une situation "pire que tout ce qu’on pouvait imaginer", et décrit les images des médias sur place comme "apocalyptiques". Elle constate par ailleurs qu’"[elle-même n’arrive] plus à se repérer" sur les lieux qu’elle fréquente depuis 2015. "Tout est méconnaissable", selon elle.
"Le gouvernement doit faire de Mayotte une priorité absolue, et lui donner les moyens de se relever et de se développer dans la décence."
Laura Hennofranceinfo
Laura Henno raconte également sa rencontre avec celui qu’elle appelle son "enfant de cœur", Sahir, qui est la raison pour laquelle elle est arrivée à Mayotte. Alors que la réalisatrice était basée aux Comores à cette époque, elle y a rencontré Sahir, âgé de 12 ans à cette époque, et qui était "pris dans un engrenage pour être passeur". Il a fini par embarquer pour Mayotte en 2015, suivi par Laura Henno. "De là, explique cette dernière, j’ai poursuivi ce travail de film autour de lui [et plus largement] autour de cette jeunesse de l’île, [qui vit] en marge et de façon autonome."
Soutien d'Eric Fottorino à Boualem Sansal
Une soirée consacrée à Boualem Sansal, un mois après son arrestation, est organisée ce lundi au Théâtre Libre à Paris. Tout Public donne la parole à l’écrivain Eric Fottorino, directeur de la publication de la revue Le 1 Hebdo, dont il signe l’édito du numéro intitulé "Qui veut faire taire les écrivains ?", et qui participera à cette soirée de soutien. Alors que les organisateurs parlent de cette soirée comme une façon de ne pas faire plonger Boualem Sansal dans l’indifférence, Eric Fottorino approuve. "Dans l’actualité, une nouvelle en chasse une autre, estime-t-il, et si au départ, la nouvelle d’un homme en prison provoque l’émotion, ensuite les jours passent, et si on ne fait rien, l’oubli devient la menace la plus grande."
"Il faut se mobiliser pour la libération de Boualem Sansal, car rien de ce qu'il a dit ni écrit ne mérite de privation de liberté."
Eric Fottorinofranceinfo
Pour Eric Fottorino, "la liberté d'un homme", en particulier quand celui-ci a fait "de la liberté d'expression sa colonne vertébrale", doit être assurée par "un soutien permanent", affirme-t-il. Toutefois, Éric Fottorino n’en attend pas beaucoup des politiques, qui sont "justement ceux qui l’ont mis là où il est", en faisant référence aux rapports diplomatiques tendus de ces derniers mois entre la France, l’Algérie et le Maroc. L'auteur place plutôt son espoir dans "tous ceux pour qui la liberté d'écrire, et la liberté tout court, est une valeur qui surpasse toutes les autres." Pour lui, c'est à eux "de faire entendre leur voix, parce qu'on entend plus celle de Boualem Sansal".
La Gaîté Lyrique occupée
Ou quand un lieu culturel parisien mythique devient un centre d'hébergement d'urgence. En effet, depuis le mardi 10 décembre, la Gaîté Lyrique est occupée par des jeunes mineurs isolés, faute de logements adéquats. Cela a un impact direct sur les activités du lieu, qui s'est déjà vu contraint d'annuler plusieurs de ses événements. Juliette Donadieu, directrice générale de la Gaîté Lyrique, interrogée par Sarah Calamand, dit n’avoir "aucune visibilité sur la suite", ni sur leur capacité à maintenir le lieu. Elle alerte par ailleurs sur le caractère critique de cette occupation. "Les tensions augmentent, ainsi que la fatigue des équipes", cette dernière rappelant que "la Gaîté n'est pas équipée" pour prendre en charge ces mineurs. "Nous n'avons pas les espaces pour héberger plus de 200 personnes", cette dernière appelant les autorités à faire le nécessaire.
Une émission avec la participation d’Antoine Deiana, journalise de la cellule vrai du faux de franceinfo, et de Yann Bertrand, journaliste au service culture de franceinfo.
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