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Toute dernière fois. 2004, la dernière fois où une mine de charbon en France était en fonction

Tout l'été, vous revenons sur ces moments où l'histoire s'achève. En avril 2004, la fermeture de la dernière mine de charbon en France.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des mineurs dans la mine de charbon de La Houve à Creutzwald (Moselle) quelques jours avant la fermeture qui intervienra le 23 avril 2004. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Avril 2004, la dernière mine de charbon de France ferme définitivement. La crise avait frappé les mines de charbon depuis bien longtemps déjà. Tout le monde savait que ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’elles ne ferment, que des hommes n’y redescendent plus, puis n’en remontent plus, le visage et les mains noircis, les poumons remplis de silice.

Elle est loin l’année 1958. Cette année-là, la France avait produit 59 millions de tonnes de charbon. Un record historique. Mais la France n’a jamais été un grand producteur, une faiblesse structurelle de l’industrie française. Et bien vite, les gisements faciles à exploiter sont épuisés, il faut aller chercher plus loin, plus profondément. Les coûts d’exploitation s’envolent, les mines ne sont plus rentables. D’autant qu’avec la révolution des transports, à partir des années 1970, il coûte désormais moins cher d’importer une tonne de charbon d’Australie que de la prélever sur place.

Les houillères du Pas-de-Calais ferment tôt

Les Houillères du Pas-de-Calais ferment tôt. Le dernier mineur remonte d’une mine de Dourge, le 21 décembre 1990. C’est toute une page de l’histoire régionale qui se referme. Ne reste qu’un lieu patrimonial : Claude Berry y tourne Germinal en 1993.


Les mines de l’Est de la France ont un répit. Elles perdent des sous, mais on les maintient ouvertes pour des raisons sociales. Ce n’est plus tenable. En 1994, l’Etat et les syndicats signent le Pacte charbonnier fixant à 2005 la date de fermeture des mines. Avec un peu d’avance, en avril 2004 à La Houve en Moselle, la mine est fermée. Un mineur ému parle d’amour et d’amitié : "On ne peut plus dire que l'on va dans un autre puits, il n'y a plus rien, c'est terminé. Il y en a d'autres qui sont descendus une fois, qui ont eu peur et qui ne sont plus jamais revenus. C'est l'amour du charbon. Même pas mais l'amitié qu'il y a au fond, cette camaraderie entre mineurs. On sait qu'on est tous dans la m... et on se serre les coudes."

Comme l’écrit Zola dans Germinal : "C'était fini, la bête mauvaise, accroupie dans ce creux, gorgée de chair humaine, ne soufflait plus de son haleine grosse et longue."

"Toute dernière fois", une chronique à retrouver tout l'été sur franceinfo et à podcaster sur franceinfo.fr

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