La logistique humanitaire
Jean Yves Grosse Président d’Aviation Sans Frontières, et organisateur du colloque, nous dresse un constat sur la pierre angulaire de la logistique de toute action humanitaire. Ainsi Aviation Sans Frontières mobilise depuis 35 ans ses avions et son réseau aérien pour acheminer l’aide d’urgence dans des endroits souvent inaccessibles.
J’ai eu l’occasion, comme pilote volontaire d’effectuer quelques missions dans des pays en guerre comme la Somalie, le Mozambique, ou encore l’Ouganda, entre autres, et ai pu constater combien il pouvait être dangereux de se déplacer sur des routes terrestres ou aériennes peu sûres. Mais lorsqu’on se pose directement dans les camps de réfugiés ou à proximité, on gagne en temps et en sécurité.
Erland Egiziano ,Directeur logistique à Médecins sans frontières , nous explique que la logistique humanitaire doit être très professionnelle. Sans elle les secours ne pourraient avoir lieu. Le centre de logistique principal de MSF est à Bordeaux Mérignac, avec des milliers de kits de secours , de médicaments, etc ...prêts à être livrés en cas de besoin.
Les dépenses annuelles liées au secours de personnes en difficulté dans le monde sont de 25 milliards de dollars
Sur les 25 milliards de dollars que coûtent chaque année les secours aux personnes en difficulté dans le monde (catastrophe naturelles, conflits...), 20 milliards ont été fournis par les différentes agences de l'ONU, et 5 milliards par les fonds privés. Mais nous sommes encore loin des besoins réels.
Jean Baptiste Lamarche, Directeur du service logistique et systèmes d'intervention à Action contre la faim, nous explique que pour les zones en conflits; ils sont obligés de préparer leur matériel à l’écart comme par exemple à Djibouti pour intervenir au Yémen.
A cause des conflits les dépenses humanitaires sont 5 fois plus importantes qu’il y a 10 ans !
Les conflits sont les premières causes des souffrances, notamment des enfants. Les agences comme l’Organisation Mondiale de la Santé, ou le Haut Commissariat aux Réfugiés, ont confié la coordination des moyens logistiques, notamment aéronautiques, au Programme Alimentaire Mondial. Pierre Lucas actuellement basé à Dakar en est le responsable pour l’Afrique de l’Ouest.
Il nous donne un exemple récent : la crise Ebola en Afrique de l’Ouest, un vrai casse-tête, car les frontières ont été fermées pour les pays touchés comme le Libéria, la Sierra Leone ou la Guinée. Il a fallu négocier un couloir aérien sanitaire et un aérogare humanitaire séparé et dédié à l’aéroport de Dakar. Ainsi plus de 40.000 passagers et 400 tonnes de matériels ont pu être transportés.
On parle actuellement de nouvelles épidémies, notamment en Amérique du Sud, et cette crise sur l'Ebola, permettra aux agences et aux ONG d'être encore plus opérationnelles la prochaine fois.
Évidemment les fonds privés jouent un rôle important, soit en nature soit en service. Par exemple Air France prête de temps en temps un avion gros porteur, ou encore accepte que les équipages emmènent des colis d’urgence lors des vols de ligne. Ainsi en 2015, 8.000 colis composés majoritairement de médicaments et de petits matériels médical et chirurgical ont été expédiés à travers le monde.
Airbus, lors des livraisons d’avions, offre ses soutes pour le transport : ainsi des centaines de tonnes peuvent être acheminées chaque année.
Airbus hélicoptère offre à travers ses clients un réseau d’hélicoptère partout dans le monde pour secourir des populations isolées comme dernièrement lors du séisme au Népal.
Un vaste mouvement de solidarité dans les transports et la logistique existe à travers le monde.
Mon coup de cœur et ma séquence insolite de cette semaine sont pour le plus grand centre de logistique humanitaire au monde : il est situé à Dubaï, qui possède le plus grand port maritime à containers au monde et des aéroports internationaux.
Il permet à 9 agences de l’ONU et à 40 ONG de répondre rapidement aux catastrophes humaines.
Marc Molatte, logisticien m’a fait visiter les lieux qui contiennent des kits de survie jusqu’aux véhicules blindés, il assure être en mesure de venir au secours en 48 heures à un afflux de 500.000 réfugiés, avec de l’eau de la nourriture et des abris.
Les victimes sont le plus souvent la conséquence des conflits, et l’un des soucis de Marc Molatte est de garantir un minimum de sécurité pour les travailleurs humanitaires.
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