le vent et l'avion : un mariage de raison (3/3)
Il est quelquefois difficile d'envisager un décollage ou un atterrissage dès lors
que la météo fait des siennes. Ces dernières semaines, les passagers ont scruté
les mises à jour des compagnies aériennes, redoutant l'annulation de leur vol.
Après Hercules et son froid polaire en janvier, une nouvelle tempête
a blanchie les rues de Washington, aux États-Unis, le 12 février. La
météo a ainsi provoqué l'annulation de près de 7.000 vols à travers le pays.
Le vent peut vite devenir l'ennemi des
transports aériens ; il s'agit donc de l'apprivoiser afin d'adapter les
technologies aux conditions météorologiques : "Le vent est favorable au décollage et à l'atterrissage lorsqu'il
souffle dans l'axe de la piste car il permet de gagner en performance"
affirme Jacques Rosay, pilote d'essai de l'Airbus A380, "en revanche, il pose problème lorsqu'il souffle de l'arrière
ou de travers : dans de telles conditions, il faut que l'avion soit bien réglé
pour pouvoir se poser."
En effet, dès les premières esquisses, l'avion est
dessiné pour faire face à toutes les conditions dans lesquelles il va être
exploité, Conçu pour supporter des
vents de travers de l'ordre de 70km/h, l'avion doit ensuite faire ses preuves
en grandeur nature mais le vent ne se commande pas.
Néanmoins, les pilotes
d'essais connaissent les endroits balayés par les vents, Brest ou Keflavik, en Islande, sont parmi leurs favoris. C'est d'ailleurs là-bas que les pilotes ont effectué les vols d'essai du plus gros avion civil de transport de passagers : "Pour l'Airbus A380 on a fait plusieurs essais ; il y avait de très fortes rafales allant jusqu'à 100 km/h" se souvient Jacques Rosay.
*" Dès les premiers essais l'A380 s'est comporté d'une manière magnifique ; il se pilote très facilement,
même avec des vents de travers" * (Jacques Rosay)
Les météorologistes sont donc des acteurs essentiels pour prévoir la moindre tempête. Traquer les turbulences est même une profession à part entière. À bord d'avions cargos, notamment de l'USAF , les "chasseurs
d'ouragans" (hurricane hunters) sont envoyés au cœur des systèmes dépressionnaires pour collecter
et transmettre des informations sur la force du cyclone et ses caractéristiques.
"Si les satellites fournissent toutes sortes de
données, elles sont souvent insuffisantes pour déterminer où et à quel moment
exactement l'ouragan va frapper."
La technique consiste donc à voler tout droit jusqu'à l'œil du cyclone
et d'en ressortir de l'autre côté, parfois jusqu'à six fois d'affilée. Ces
informations sont indispensables pour guider les avions pris en pleine tempête
ou déportés par les vents.
"Je n'aurais jamais réussi à faire mon
tour du monde ou mes expéditions aériennes si je n'avais pas des météorologues
absolument extraordinaires", confirme d'ailleurs Bertrand Piccard, connu pour avoir été le premier à réaliser un tour du monde en ballon.
Aujourd'hui, l'astronaute travaille sur l'avion solaire : le Solar Impulse 2, dont l'inauguration aura lieu mercredi prochain à Payerne en Suisse. Très léger, il est d'autant plus soumis aux vents et l'un des vols du Solar Impulse 1 vers l'Espagne a été réussi grâce à des indications très précises : "Il y avait un vent d'altitude très fort. Les spécialistes m'ont donc fait voler à très basse altitude jusqu'au Portugal avant de me faire remonter juste au bon moment pour pouvoir me poser sur Madrid", raconte l'aéronaute.
Entre progrès techniques et prévisions météorologiques de plus en plus précises, l'homme
parvient à adapter les transports aériens aux conditions les plus difficiles. Néanmoins, l'être humain ne doit pas oublier que c'est à lui de s'adapter à la nature... et non l'inverse.
" L'être humain est le dernier à être
arrivé, c'est donc à lui de comprendre la nature et d'essayer d'en faire le
meilleur usage possible. Il ne parviendra jamais à la contrôler, ni à la maîtriser " (Bertrand Piccard )
Bonus, "les précision du professeur mankpadair, alias Feldzer :
Un avion décolle et atterrit toujours de vent de face, car sa vitesse relative par rapport au sol diminue. il lui faut donc moins de longueur de piste pour décoller, et il peut donc emmener plus de charge.
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