Les concerts : une logistique réglée comme du papier à musique
Sons, lumières, effets spéciaux… Du projet de concert aux applaudissements, chaque spectacle musical nécessite une logistique très précise, notamment pour le transport des instruments et du matériel. Près de 900 festivals musicaux ont lieu en France chaque année, soit autant d’équipes qui assurent le transport du matériel et la logistique.
Tandis que les Rolling Stones reprennent la route pour une tournée qui relève de la machine de guerre, d’autres décident d’embarquer leur piano à vélo… Lou Nils et Christophe Clavet ont fait le tour de l’Europe à bord d’un triporteur solaire avec leur piano. Faire voyager la musique, ou se laisser transporter par la musique, c’était le concept de piano-trip. Le résultat ? Une « tournée » de 300 concerts, et 7.000 km parcourus en 19 mois. Cette expérience illustration poétique du transport associée à la musique.
De façon plus pragmatique, l’envers du décor des concerts représente une organisation particulièrement minutieuse et technique. « Il y a énormément de préparatifs sur un spectacle qui a l’air tout simple alors que tout est prévu à l’avance, c’est un boulot de dingue ! » assure Alain Souchon.
Habitué des tournées, le chanteur est conscient du rôle crucial que jouent les techniciens, qui sont souvent des marginaux, voire de véritables forains : « Quand j’ai débuté, on chantait beaucoup sous des chapiteaux, et là les techniciens étaient des vrais forains : il ne fallait pas les emmerder ! Mais ils se consacraient pleinement à l’artiste. Nous on était des petites mauviettes qui arrivaient pour chanter nos chansons mais on était protégés par ces gens-là. J’aimais bien ces gars-là ! » se souvient Alain Souchon avec humour.
Son acolyte de toujours, Laurent Voulzy, partage ce respect des équipes de logistiques. « On peut être 4 ou 5 sur scène mais ce que les gens ne voient pas, c’est qu’il y a une équipe de 20 à 50 personnes derrière. Sans eux on ne pourrait pas jouer ! »
Néanmoins, pour les longs trajets, notamment par avion, les musiciens appréhendent souvent les voyages en altitude. La Fédération Internationale des Musiciens (FIM) a récemment fait adopter un texte par la Commission et le Parlement européens en vue d’améliorer l’emport des instruments de musique par avion : « Désormais, dans la mesure où il y a suffisamment d’espace, dans les coffres ou sous les sièges à bord de l'avion, on ne peut pas refuser au musicien de conserver l’instrument avec lui » , explique Benoît Machuel, directeur de la FIM.Selon lui, ces nouveaux règlements correspondent aux attentes des artistes : « Si c’est un instrument d’une grande valeur, on ne peut pas prendre le risque de le laisser en soute. De plus, le musicien entretient une relation très personnelle avec l’instrument et il ne peut envisager d’utiliser un instrument qu’il ne connaît pas une fois arrivé sur le lieu du concert » .
Cette problématique, Laurent Voulzy la connaît bien. Le chanteur a toujours du mal à se séparer de ses guitares : « En principe, je voyage toujours avec 7 ou 8 guitares mais pour certaines tournées dans les îles, j’essaie de me séparer d’une ou deux ! » Certains instruments trop fragiles ne supporteraient pas un voyage en soute et doivent alors prendre place côté voyageurs. Contrebasses et autres Stradivarius ont donc leur place attitrée dans l’avion, ce qui peut réserver quelques surprises en cas de surbooking : « Parfois il vaut mieux payer un siège supplémentaire pour l’instrument. Mais de temps en temps, si l’avion est surbooké, la place de votre violoncelle est donnée à quelqu’un d’autre…! Il y a donc des progrès à faire en terme de préparation de voyage » , affirme Benoît Machuel.
Ainsi, la profession d’artiste, profession mobile, dépend des équipes de logistique qui assurent le transport des artistes et de leurs instruments, afin de faire voyager la musique, du studio d’enregistrement jusqu’aux scènes du monde entier…
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