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Transportez moi. Bateaux, avions : ces transports qui viennent en aide aux migrants

Chaque mois, des milliers de migrants risquent leur vie pour tenter d'échapper au quotidien insupportable dans leur pays. Des associations tentent d'aider ces êtres humains en détresse, à l'aide de bateaux, d'avions, ou de prise en charge sur terre, une fois ces personnes exilées.  

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Des migrants sur le port de Tripoli (Libye), le 12 juillet 2018. (AFP)

Cela commence bien souvent par des traversées du désert, et lorsqu’ils réussissent à atteindre les côtes libyennes, c'est un autre enfer qui attend ces personnes.

Durant la traversée de la Méditerranée, les passeurs les entassent sur des embarcations de fortune. Des zodiacs dégradés ou même parfois des barques en bois, totalement inadaptées pour faire un tel voyage. Ils embarquent avec rien, juste l'étoile du Nord pour les guider vers une possible Italie. Ces embarcations de fortune n'arrivent pas toutes à destination. Leurs bateaux de plastique se percent quelques heures après leur arrivée en mer. Femmes, enfants et hommes de tout âge se soutiennent afin d'éviter la mort.

Une embarcation de migrants est secourue en mer Méditerranée, le 11 septembre 2016. (MARCO PANZETTI / NURPHOTO / AFP)

30 000 personnes sauvées par SOS Méditerranée en deux ans

SOS Méditerranée tente d'intervenir le plus possible en utilisant un bateau pour sauver ces embarcations en détresse, entre la Libye et l’Italie. Fabienne Lassalle, directrice générale adjointe refuse de voir ces gens mourir en pleine mer et retourner en Libye, "pays où ces personnes avaient été mises dans des centres de détention, torturées, violées...". Ils ont tout de même pu sauver environ 30 000 personnes en moins de deux ans. 

Le navire "Aquarius" de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, au port de Marseille, le 7 décembre 2018. (BORIS HORVAT / AFP)

Malheureusement, L’Aquarius, le bateau avec lequel ils partaient, avec l'aide de Médecins sans frontières, n’est plus en mer pour l’instant. Aucun pays ne veut donner une immatriculation à ce bateau, sous prétexte qu’il devrait livrer les migrants aux Libyens, c’est-à-dire les condamner. En attendant, Médecins sans frontières recherche un autre bateau afin de reprendre cette mission. 

Difficile de repérer les embarcations de migrants, surtout en cas de mauvais temps

Pou repérer les embarcations en détresse, une solution a alors été trouvée par une association : Les Pilotes Volontaires. Un petit avion patrouille, repère de loin ces embarcations à la dérive, et transmet leur position aux bateaux environnants, qui doivent selon le code maritime international leur porter secours. Benoît Micolon est pilote et co-fondateur de cette association. Il souligne que leur intervention est nécessaire, car sans eux, ces gens périraient dans "l'indifférence la plus totale". Ils ont réussi à sauver environ 4 000 personnes depuis leurs premières interventions. 

Certains arrivent néanmoins à prendre différents moyens de transports précaires pour tenter de rejoindre un pays d’accueil. Mais pour ceux qui sont temporairement régularisés, Aviation sans frontières leur vient en aide pour les accompagner vers leur destination finale. Jean-Claude Gérin, ancien président, aujourd’hui en charge de l’accompagnement des réfugiés, a pu ainsi aider 12 000 d’entre eux à retrouver une stabilité. 

On les rassure, car les contrôles de sécurité dans les aéroports sont peu rassurants pour quelqu'un qui prend l'avion pour la première fois.

Jean-Claude Gérin

Ces populations ont également besoin d’être accompagnées médicalement et socialement. Xavier Emmanuelli, fondateur de Médecin sans frontières et du SAMU social de la ville de Paris, vient de créer un SAMU réfugiés. Reçu dernièrement par le Pape, ce dernier lui a fait savoir qu’étant lui-même fils de réfugiés, il fallait accueillir et insérer ces populations. Xavier Emmannuelli tente au mieux d'aider ces personnes trop souvent délaissées. 

Le Samu social, en intervention dans les Hauts-de-Seine, en 2014 (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

On sauve l'honneur de l'Europe, de nos pays, en aidant ces gens

Xavier Emmannuelli

Le coup de cœur de la semaine pour Alpha Kaba

Le coup de coeur cette semaine est pour un de ces réfugiés, qui se nomme Alpha Kaba, un journaliste guinéen qui a vécu l’enfer. Alpha Kaba aura vécu en 2016, l’enfer libyen. Il souhaitait échapper à son pays natal, la Guinée, qui souhaitait le voir en prisonnier. Il s'est finalement retrouvé embarqué par une milice libyenne, qui l’a vendu pour devenir esclave pendant deux ans. Il subira toutes les atrocités qu’un esclave peut subir.

Après ces années de labeur forcé, il réussit avec d’autres esclaves à traverser la Méditerranée et obtient, après de long mois, le statut de réfugié politique en France. Aujourd’hui hébergé à droite et à gauche chez des amis qui lui viennent en aide, il cherche à retrouver sa stabilité. Après avoir marché dans le désert, emprunté tous les moyens de transports improbables, il raconte son histoire qui paraît incroyable au XXIe siècle, dans un livre publié récemment. Tous devraient le lire, car c’est l'une des pages malheureuses de notre histoire contemporaine. 

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