Transportez-moi. L'heure du dernier voyage
Pour son tout dernier rendez-vous du weekend sur France Info, Gérard Feldzer évoque le dernier voyage, qui nous concernera tous un jour, avec ses rites et ses peines (merci à lui pour toutes ces années a nous éclairer sur les questions de mobilité).
"Parler de ses peines, disait Camus, c’est déjà se consoler" On compte en moyenne 600.000 décès par an en France, soit un toutes les 50 secondes. Cela fait autant de transports, et de rites selon les cultures, les religions et les réglementations. Ainsi aux Etats-Unis, vous pouvez envoyer vos cendres dans l’espace, les intégrer dans un feu d’artifices pour finir en apothéose, ou en faire des bijoux qui permettront de garder le lien avec l’être cher.
En France, en dehors de l’inhumation (chère et encombrante) ou de la crémation (violente et polluante), il existe une alternative appelée "humification". Elle consiste à poser le corps à même la terre qui, grâce aux micro-organismes du sol, se transforme en quelques mois en humus. Ce concept de régénération du corps est encouragé par l’association Humo Sapiens, fondée par Pierre Berneur :
"En 20 ans, les arbres issus de cet humus absorbent tout le CO2 émis par votre existence sur terre. Si tous les Français avaient recours à l’humification, nous aurions 10 millions d’arbres plantés par an et les générations passées offriraient beauté, ombre, oxygène et biodiversité aux générations futures."
Transformer les cimetières en forêt
En attendant, cette association tente de relever 3 défis : scientifique pour démontrer sa sécurité, législatif pour encadrer l’activité, et culturel pour le faire admettre. Actuellement l’inhumation et la crémation sont quasiment à parité dans le choix des Français. Mais cette solution alternative de l’humification pourrait séduire dès qu’elle sera autorisée. Ce rituel, respectant le défunt et la planète, est défendu par Sandra Roland, consultante en funérailles écologiques : “Faire en sorte, à notre mort, de nourrir la Terre qui nous a nourris de notre vivant, c’est quelque chose de très poétique et écologique.”
Cet épisode de Transportez moi est le dernier d’une longue série qui aura duré onze ans. Mais comme pour l'humification des corps, cette chronique renaîtra sous d’autres formes. Un grand merci à franceinfo pour m’avoir accueilli à la descente de mon cockpit : mes vols se sont transformés en rencontres passionnantes et enrichissantes. “L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur” disait l’aviateur-écrivain Saint Exupéry, et mon cœur ce sont tous ceux qui m’ont fait confiance pendant toutes ces années.
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