Transportez-moi. Le transport par câble
C’est la période des vacances d’hiver, et pour ceux qui ont la chance d'être à la montagne, ils profitent de la neige et empruntent donc les remontées mécaniques. Gérard Feldzer évoque aujourd'hui ce moyen de transport dont la France est l'un des leaders mondiaux.
Ce leadership est dû à notre domaine skiable qui attire chaque année plus de 54 millions de skieurs, un record du monde, suivi de près par les États-Unis et l’Autriche. La société Poma près de Grenoble, qui a équipé la plupart des stations, exporte son savoir-faire, notamment pour les Jeux Olympiques d’hiver. Christian Bouvier est le vice-président de cette société.
On est déjà en train de construire des installations des prochains JO
Christian Bouvier
En quoi les téléphériques innovent depuis une centaine d’années ?
Déjà en fiabilité, en nombre de passagers par kilomètre, c’est avec les ascenseurs le moyen de transport le plus sûr du monde. Ensuite, en termes de consommation, de confort, de capacité, les records se succèdent chaque année. Rien que pour Poma c’est plus de sept millions de passagers transportés par heure. Mais ces passagers ne sont pas que des skieurs, le câble s’intègre de plus en plus dans les systèmes de transports en commun. C’est vrai depuis longtemps pour les villes en dénivelé, comme on le voit en Amérique du Sud à Rio, Caracas, La Paz ou Medellin par exemple. Ils le nomment d’ailleurs le métro câble. Et il est vrai que partir au travail en survolant la ville est plus motivant que de prendre le métro.
C'est vrai qu'on est dans un mode que l'on qualifie nous de poétique
Christian Bouvier
Quel est le coût de ce mode de transport ?
En transport urbain on estime qu’il coûte quatre fois moins cher qu’un tramway en investissement et en exploitation, car il n’y a qu’un seul moteur électrique qui entraîne par câble toutes les cabines, il consomme ainsi trois fois moins d’énergie qu’un tramway, cinq fois moins qu’un bus, et 10 fois moins qu’une voiture. Et il peut être rapidement opérationnel.
Mais il transporte beaucoup moins de monde !
Oui, on peut atteindre 6 000 passagers à l’heure comme à La Paz, quatre fois moins que le métro parisien, mais les usages ne sont pas les mêmes. Et puis on ne peut pas mettre de téléphériques, ne serait-ce que pour des raisons de survol de gens qui n’aiment pas être vus, on les comprend, et puis pour des questions de confort en hiver. Mais il existe des solutions. Comme une cabine qui permet de préserver l'intimité des personnes survolées.
La séquence insolite avec le téléscaphe…
Le téléscaphe est une contraction de téléphérique et de scaphandre, ça permettait aux touristes dans les années 60 de visiter une partie des calanques de Marseille sous l’eau pour admirer la faune et la flore sous-marine sans se mouiller ! Moins cher que le sous-marin, une belle idée, deux ingénieurs qui malgré tout ont fait faillite au bout d’un an.
...et le cyclo câble
C’est un petit téléphérique à vélo installé à Trondheim en Norvège, qui permet de gravir une côte sans descendre de la selle. Une plateforme mue par un câble pousse les cyclistes jusqu’en haut de la côte. Sauf que maintenant on a des vélos à assistance électrique.
Le coup de cœur : un petit tour des téléphériques dont beaucoup sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco
Je vous conseille ces merveilleux funiculaires ou ascenseurs de toutes les couleurs le long des pentes de Valparaiso au Chili, qui comme ceux de Lisbonne ont plus de 130 ans, et puis ce magnifique téléphérique du pain de sucre à Rio, construit en 1912 par les Français. Sans oublier le fameux câble car, fierté de San Francisco, et plus près de chez nous le téléphérique de Brest inauguré il y a quelques semaines avec son plancher en verre, sans oublier le funiculaire de Montmartre qui depuis 1900 transporte chaque année deux millions de touristes.
En collaboration avec Kilien Messaï de Boissard
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