Transportez-moi. Les voitures et trains des chefs d'État
Demain, nous serons fixés sur les résultats de l’élection présidentielle, l’occasion de parler des déplacements des présidents et des chefs d’État en voiture, en avion, en train, et même en bateau pour certains.
Quelle voiture emportera le vainqueur ?
A moins d’une faute politique, ce sera une marque française, un message fort aurait été une voiture électrique, mais l’offre est encore trop faible, une Zoé en voiture présidentielle ferait certes du buzz, mais en attendant, il existe de belles berlines hybrides françaises.
Les voitures de chefs d’État et de gouvernements ont une longue histoire
Jusqu'aux années 70, ces voitures étaient décapotables parce qu'il fallait être vu. Mais depuis l'assassinat de Kennedy dans sa Lincoln, les voitures sont devenues hyper blindées, y compris la fameuse papa mobile où le pape est protégé par un blindage en verre, ce qui lui permet d’être vu en toute sécurité. Celles du président des États-Unis sont équipées de fusils à pompe, de vision nocturne et de canons de gaz lacrymogène. En outre, elles sont équipées pour les premiers soins avec du sang correspondant au groupe sanguin du président.
Ces voitures voyagent souvent avec les présidents
C’est le cas du président des États-Unis, Olaf Delafon, président du musée des voitures de chefs d’État.
Les voitures précèdent le président de 24h. Cela permet d'assurer sa sécurité dans le pays visité."
Olaf Delafon
Il y a bien sûr les risques d’attentats
On se souvient de celui du Petit Clamart contre le général de Gaulle qui roulait dans sa Citroën DS 19, qui fut criblée de balles dans une embuscade. Il fut sauvé par la maîtrise de son chauffeur qui a continué à rouler sans pneu !
Le général en sortant de la voiture à dit "Ils ne savent pas tirer !
Olaf Delafon
Le président Hollande va-t-il bénéficier comme ses prédécesseurs d’une voiture avec chauffeur?
Il était de tradition que les anciens présidents bénéficient à vie d’une voiture avec chauffeur, mais François Hollande a fait passer un décret en octobre dernier qui stipule que ce privilège ne pouvait durer au-delà de 5 ans. Mais cela représente une petite partie des frais seulement des anciens présidents, dont les trains de vie coûtent environ 10 millions d’euros par an.
Et pour les ministres ?
Il est en effet d'usage que le Premier ministre et quelque fois d’autres ministres, comme celui de l’Intérieur, bénéficient eux aussi d'une voiture avec chauffeur, qui est d’ailleurs également agent de sécurité. Mais tous ne l’utilisent pas. La Cour des comptes a d’ailleurs déjà pointé ce fait du doigt.
Pour les trajets un peu plus longs, il y a eu des trains de chefs d’État
Avant que l’avion ne se banalise, les trains présidentiels ont fonctionné pendant plus d’un siècle. Malgré le TGV d'aujourd'hui, il n’est plus très utilisé, principalement pour des raisons de sécurité, Clive Lemming, auteur du livre Le secret des trains.
Ça a duré jusque dans les années 70, le dernier président à avoir utilisé un train présidentiel était Valéry Giscard d'Estaing
Clive Lemming
Des voitures spécialement aménagées permettaient de tenir des mini-conseils des ministres. Et il est même arrivé qu’un président manque à l’arrivée, Paul Deschanel qui voulait aller aux toilettes s’est trompé de porte. Il est donc tombé sur la voie en chemise de nuit, et évidemment sans papier, il a eu beaucoup de mal à convaincre qu’il était le président.
L'épouse du gardien a dit : "J'ai bien vu que c'était un monsieur important, il avait les pieds propres !
Clive Lemming
Et certains sont devenus célèbres pour le meilleur ou pour le pire
C’est en effet dans un wagon que le 11 Novembre 1918 a été signé l’armistice avec l’Allemagne, et le 22 Juin 1940, alors que la France capitule face à l'Allemagne, Hitler exige que l'armistice soit signée dans ce même wagon et au même endroit dans la forêt de Compiègne. Il fut ensuite exposé à Berlin, mais détruit en avril 45 par les SS sur ordre d'Hitler, un mois avant la capitulation.
Aujourd’hui, on ne voit plus beaucoup de ministres ou de chefs d’État prendre le train
Oui, mais parce que cela implique de privatiser au moins 2 ou 3 wagons, de sécuriser le train en entier, et aussi de surveiller tous les ponts sur son passage pour prévenir d’un attentat. C’est pourquoi, les services de sécurité privilégient l’avion, même pour des trajets courts. Certains diront qu’on en fait peut-être un peu trop, lorsqu’on voit les ministres scandinaves, qui comme tout le monde prennent les transports en commun, ça laisse un peu rêveur.
En collaboration avec Kilien Messaï de Boissard
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