Transportez-moi. Pollution et fraude dans les transports
Depuis plusieurs semaines des pics de pollution entrainent la circulation alternée, mais génèrent aussi une autre problèmatique : la fraude !
Nous subissons depuis quelque temps, y compris aujourd’hui samedi 17 décembre, des pics de pollution. Ce qui entraine des restrictions de circulation, comme par exemple la circulation alternée, un choix contesté, surtout en période de vacances, notamment à Paris. Mais toutes les grandes métropoles sont contraintes à ce genre d’exercice car selon l’Organisation mondiale de la santé, les particules fines sont responsables de trois millions de morts prématurés à l’échelle planétaire.
La voiture n’est pas la seule responsable
En effet, elle n’est responsable que de 28% des particules, mais la France a le triste record du monde de voitures diesel par habitant et les filtres à particules ne filtrent pas les plus dangereuses. Les restrictions de circulation sont d’ailleurs appliquées dans 230 villes européennes, dont certaines comme Rome ou Londres établissent un péage, voir même une interdiction de circuler.
Mais alors, pourquoi la circulation alternée ?
Parce qu’on a tardé à mettre en place la vignette qui deviendra obligatoire à partir du 16 janvier pour l’agglomération parisienne, mais déjà appliquée dans d’autres villes comme Grenoble, qui située dans une vallée, est particulièrement concernée. Mais la circulation alternée, c’est théoriquement deux fois moins de voitures, donc deux fois moins de pollution. Et bien non, car beaucoup d’automobilistes préfèrent prendre le risque d’une amende, modérée il est vrai, de 22 euros, ce qui explique que la baisse réelle de trafic n’a été que de 10%. Mais si vous êtes à Londres, l’amende passe à 600 euros et en Allemagne, ce sont des points en moins sur le permis, c’est nettement plus dissuasif…
Malgré tout, des dérogations autorisent les professionnels, les taxis ou encore ceux qui pratiquent le co-voiturage par exemple. D’ailleurs cela existe depuis longtemps notamment aux Etats-Unis où des files prioritaires sont attribuées aux véhicules avec deux personnes minimum à bord. Mais pour contrer les malins qui ont adopté des poupées gonflables comme passagers, il a fallu mettre en place des radars thermiques et photographier ainsi les fraudeurs.
Comment anticiper ces pics de pollution ?
C’est un peu comme les prévisions météo, lorsqu’il y a un anticyclone avec peu ou pas de vent, il y a une concentration de fines particules qu’on respire. Elles provoquent des bronchiolites, des accidents cardiovasculaires, voire des cancers. Cela nous coûte plus d’un milliard d’euros et 40 000 morts prématurés. Copernicus, un organisme européen est capable d’anticiper les pollutions dans les villes, à trois jours, le tout affiné par des observations régionales comme Airparif.
La fraude revendiquée par des jeunes sans ressources suffisantes
On a compris qu’il fallait favoriser les transports publics, mais ça coûte cher, d’autant qu’il y a beaucoup de fraudeurs ! On évalue le manque à gagner à plus d’un million d’euros par jour, c’est considérable, c’est le coût de 23 rames de métro ou 475 autobus qui pourraient circuler en plus. Et pour les fraudeurs, tous les moyens sont bons. J’ai même découvert qu’il y avait des mutuelles de fraudeurs, ce qui est évidemment strictement interdit.
Ce sont pour la plupart des jeunes qui revendiquent des tarifs à la hauteur de leurs ressources et qui justifient ainsi leurs démarches, ils utilisent aussi beaucoup les applications qui indiquent en temps réel la position des contrôleurs éventuels afin de mieux les éviter.
Evidemment, c’est strictement interdit par la loi ! Mais si les transports étaient gratuits, il n’y aurait pas de fraudeurs, c’est que défendent certaines personnes comme Jean-Louis Sagot Duvauroux, auteur du Livre Voyageur sans ticket.
Rien que pour l’Ile de France, la fraude c'est un budget de 9 milliards d’euros
30% de ces 9 milliards sont pris en charge par les voyageurs, la gratuité est hors de portée, une solution intermédiaire serait d’indexer la tarification en fonction des revenus, et non du statut, il peut y avoir des retraités riches et des travailleurs pauvres. Abandonner sa voiture pour les transports en commun demande encore de gros investissements, c’est le problème majeur de toutes les grandes agglomérations dans le monde.
En collaboration avec Kilien Messaï
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