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Aux portes de la Russie, l'Otan organise son plus grand exercice militaire depuis la fin de la Guerre froide

Tous les jours, dans "Un monde d’avance", un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée "sous les radars" et qui pourrait nous échapper. Aujourd’hui, direction la Norvège où d'importantes manœuvres militaires organisées par l'Otan vont se tenir. 

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un porte-avion américain en mer du Nord en route vers l'opération "Trident Juncture 18", le 12 octobre 2018.  (JOHAN FALNES / NTB SCANPIX)

C'est le plus grand exercice militaire depuis la fin de la Guerre froide. Du 25 octobre au 7 novembre, l'exercice "Trident Juncture 18" va mobiliser 50 000 soldats et 10 000 véhicules sur les plateaux glacés, dans les eaux et le ciel de Norvège. Tous les membres de l'OTAN participent à cet exercice. Au total 31 pays sont mobilisés. La France va envoyer 3 000 hommes.

Démonstration de force aux portes de la Russie 

La dernière fois que l'Alliance atlantique a mené de tels exercices, c'était en 2002 en Pologne, avec 10 000 soldats de moins. Cet exercice est aussi un casse-tête logistique. Il y a d'ailleurs eu quelques couacs. D'après le quotidien De Telegraaaf, l'armée néerlandaise avait par exemple oublié d'acheter des vêtements chauds à ses soldats. Elle leur a donc donné un petit pécule pour qu'ils s'achètent eux-mêmes en arrivant un pull et de grosses chaussettes. Le contingent britannique, lui, est venu par la route, cela a pris cinq jours. "Cela montre que l'armée britannique est prête à traverser l'Europe si nécessaire" a dit son porte-parole.  

Au-delà des anecdotes, cet exercice est une vraie démonstration de force aux portes de la Russie, même si les manœuvres se tiendront à plus de 1 000 kilomètres de la frontière russo-norvégienne, en bordure d'Arctique; Il s'agit d'ailleurs de la seule frontière entre un pays de l'Alliance et la Russie. Le commandant en chef de l’exercice, un amiral américain, assure qu'aucun pays en particulier n'est visé. Il s'agit uniquement dit-il de "démontrer la capacité de défense de l’Otan face à n’importe quel adversaire". Les pays de l'Alliance sont tenus à une clause de défense collective en vertu de l'article 5 du traité, selon lequel une attaque contre l'un de ses membres est une attaque contre tous et que la riposte est autorisée.

La Norvège s'inquiète de la présence russe en Arctique 

La Russie n'est pas une menace directe pour la Norvège mais ses ambitions militaires et stratégiques préoccupent. Ces dernières années, Oslo a réclamé à l’Otan et aux États-Unis des efforts de "réassurance". Vladimir Poutine n'a de cesse de rendre sa grandeur à l'armée russe, qui a considérablement renforcé ses moyens, notamment dans l'Arctique, passage stratégique pour les sous-marins russes. Des bases militaires aériennes ont été rénovées ou construites, de nouveaux systèmes de missiles antiaériens installés. D'ici la fin de l'année, la Flotte du Nord doit encore recevoir cinq nouveaux navires de guerre et quinze avions ou hélicoptères.

Les Norvégiens et les États-Unis ont eux aussi leurs bases en Arctique, ce qui a déjà donné lieu depuis deux ans à des échanges crispés entre les deux camps. En 2016, la Norvège a d'ailleurs considérablement augmenté son budget de la défense et mis en service un deuxième navire espion, entièrement dévolu à la surveillance des activités russes en mer de Barents.

La porte-parole de la diplomatie russe qualifie l'opération "Trident Juncture 18" d'"actions irresponsables qui conduiront à une déstabilisation de la région et à une hausse des tensions", et promet même "des mesures nécessaires de riposte". En septembre, la Russie a elle-même conduit les plus vastes manœuvres de son histoire en Extrême-Orient.

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